Point d’orgue d’une année 2019 bien remplie et sans doute l’un des plus beaux objectifs que je m’étais fixé : le triathlon XL de Gérardmer. Une format half ou XL qui est réputé difficile avec ses petits cols vosgiens à franchir. 1900 m de natation, 90 km de vélo et un semi-marathon… Un objectif entre 7h00 et 8h00 d’effort…
Je n’étais pas vraiment rassuré avant le départ de cette épreuve : une météo incertaine où la pluie était menaçante, un format que je ne connais pas, des difficultés tout au long du parcours et un minimum de 7 heures d’effort où il faudra gérer au mieux mon alimentation.
Pour la première fois, je goutte à une organisation de haut niveau avec des sacs pour chaque transition, un peu effrayant aux premiers abords mais au combien pratique quand tout est bien organisé.
Retrait des dossards le matin même à 7h00 pour un départ à 9h30, le timing est largement suffisant. Les bénévoles sont adorables, motivés et très avenants, et pourtant un long week-end les attend. Je récupère mon dossards le numéro 66 (il faut savoir que les numéros de dossards sont attribués dans l’ordre d’inscription mais vous serez tout de même après les professionnels).
Tout est bien en place et l’angoisse commence à monter… surtout en voyant les 1500 personnes sur la toute petite plage… prêt à partir pour la natation… Je démarre ma montre pour avoir le fix gps. Je prend un premier gel (Gu Ultra Endurance) 5 minutes avant le départ, je ne sais pas comment va se passer la natation et je préfère anticiper.
Les speakers font monter la pression, la musique est à fond, les drones sont dans le ciel pour capturer ce départ toujours aussi impressionant. Nous voilà, j’appuie sur le bouton start (c’est la dernière fois que j’appuierai sur ma montre Garmin Fenix 5X mais je ne le sais pas encore), j’ajuste mes lunettes, je regarde où va le paquet pour ajuster ma trajectoire. J’ai pas le choix je dois être au milieu de l’essoreuse pendant quelques longueurs… Le rythme est bon, tout le monde nage et il n’y a pas de bousculades. Je commence quand même à essayer de m’écarter de la trajectoire pour passer au large des bouées.
D’un coup, je me prend un choc sur le bras droit. Un pied, une main… je ne sais pas j’ai un sentiment bizarre, je sens quelque chose qui glisse sur mon poignet… Une fraction de secondes plus tard, je réalise que ma montre vient de se décrocher, je plonge la tête dans l’eau, j’essaye d’attraper quelque chose avec ma main gauche… L’eau est trouble, remuée par un millier de nageurs… on ne voit rien… c’est foutu… Je reprend la nage avec des centaines de questions dans mon esprit. Je revois la scène du seigneur des anneaux où l’anneau se pose au fond de la rivière. J’ai des centaines de nageurs derrière, je ne sais pas quoi faire alors je continue ma course… J’essaye d’oublier ce détail et je me concentre sur ma natation, je me conforte dans l’idée que je n’aurais rien pu faire de plus si ce n’est perdre du temps…
Je passe au large des bouées et je me sens plutôt bien. Je ne suis pas gêné et j’ai l’impression d’avancer correctement. Normalement ma montre vibre tous les 500 mètres en eau libre, cela me permet d’avoir une idée de l’avancement. Là je ne sais absolument pas où j’en suis.
Je suis dans la ligne droite qui va vers la sortie à l’australienne. D’un coup, j’entends des cris, je mets la tête hors de l’eau, ce sont des bénévoles sur un bateau qui me crient de changer de direction car je suis dans le mauvais sens. En effet, cela fait un moment que je n’ai ajusté ma direction et j’ai du faire un gros arc de cercle.
Je reprend ma direction mais je suis loin des autres concurrents au moins personne ne va me gêner. Je sors sur la plage, je regarde ma montre… elle n’est pas là… je m’énerve… Je crie « Quelle heure est-il ? » un concurrent me répond, ça fait 36 minutes qu’on est parti. Je fais un rapide point : 36 minutes pour faire 1500 mètres environ avec un bonus spécial mauvais nageur… je me dis que je suis vraiment pas mal… Je termine le dernier tronçon en me disant que cela va être compliqué sans ma montre d’être dans le bon rythme. A ce moment là, je me rappelle que j’ai pris mon compteur GPS dans mon sac de transition, il ne faut pas que je l’oublie, cela va me permettre de suivre correctement mon évolution à vélo.
Je sors de l’eau en 48 minutes, merci la combinaison de natation…. mieux qu’à Paris pour 1500 mètres avec en plus une sortie à l’australienne et au moins une grosse erreur de parcours.
Je me sèche bien à la sortie de la natation, il fait à peine plus de 10 degrés. J’enfile une veste pour le vélo en particulier pour les descentes et je ne le regretterai pas.
Je connais bien le parcours, j’ai fait 2 entrainements sur la boucle de 31 kilomètres que j’ai parcouru au total 5 fois. A l’entrainement sur les 3 tours, j’ai fait entre 4h20 et 4h30. J’espère refaire un peu près la même chose en prenant en compte le fait que je sois déjà un peu fatigué mais que la route est fermée donc pas de voitures sur la route. Je dois aussi gérer pour être au mieux sur la partie course à pied.
Malgré une petite chute stupide et heureusement sans gravité dans le premier tour (en mettant un gel dans ma poche arrière dans une montée, je suis tombé sur le côté), je fais le premier tour sur un bon rythme.
Le deuxième tour est un peu plus compliqué à gérer psychologiquement car on se fait doubler par les avions de chasse des professionnels et c’est sans compter le défi de Steve Chainel, champion de France de cyclo-cross et un des 10 meilleurs mondiaux de la discipline, qui m’enrhume littéralement sur une partie roulante.
Oui c’est bien moi dans le fond en mode cyclo-touriste…
Montée du poli, Col des feignes et col de grosse pierre… Le tout 3 fois. Cela fait quand même une belle promenade, les ravitaillements sont bien positionnés avec 2 points par tour et tout ce qu’il faut : Gourdes, barres, gels,… et surtout des bénévoles disponibles et rapides.
J’arrive à la fin du troisième tour en 4h29… je suis content du temps mais pour la première fois je vais enchainer avec un semi-marathon… je ne sais pas ce que cela va donner.
Le soleil écarte légèrement les nuages, je pars sans veste uniquement avec la trifonction et une casquette. Je démarre tout doucement car j’ai les jambes qui tirent un peu, c’est parti pour 3 tours de 7 kilomètres… je n’ai plus aucun repère : pas d’allure, pas de fréquence cardiaque, pas de chrono… j’ai juste mis mon compteur de vélo dans ma poche arrière pour avoir une trace et quelques données à la fin…
Sur le parcours, il y a quelques difficultés : des petits ponts en bois à passer dans la zone d’arrivée et un beau faux plat montant dans la forêt. Je fais le premier tour à la sensation et je m’alimente bien aux ravitaillements (un tout les 2,5 kilomètres environ). Enfin bien…, ça va partir en vrille à un moment car je fais découvrir qu’il y a des chips et forcément j’ai envie de salé.
Au début du deuxième tour, un ami est sur le bord, il est venu faire un petit tour avec moi. Je lui raconte que je n’ai pas de montre et je suis dans le flou total… je ne sais pas à quelle vitesse je cours… moi qui aime bien réguler et surveiller mon allure c’est très perturbant.
Je fais un super deuxième tour (je comprendrai après pourquoi), je suis sur un nuage, j’ai des supers sensations je suis concentré et j’avance bien. Je passe pour la dernière fois la zone d’arrivée, je suis dans le dernier tour. Quoi qu’il arrive je vais finir… Et là gros coup de barre dans le faux plat montant.
Pour la première fois, j’ai ressenti cette euphorie qui te gagne avant le gros coup de fatigue. J’étais bien et là je suis dans le dur, je débranche en partie le cerveau et je trouve un rythme suffisant pour avancer.
Je jette un oeil à mon compteur vélo mais les champs affichés se sont modifiés dans ma poche et je n’ai aucune données intéressantes… Tanpis je continue comme ça.
J’arrive dans le long faux plat descendant, j’essaye de maintenir une allure correcte en serrant les dents jusqu’à la zone d’arrivée.
L’arrivée est grandiose même si j’arrive bien après les élites, les deux speakers sont à fond et les spectateurs m’encouragent… Petit moment de fierté et d’émotion de boucler ce gros chantier sous les applaudissements.
Un petit saut en l’air pour fêter ça et ensuite comme chaque finisher j’ai le droit aux félicitations de Bernard Charbonnier (l’organisateur de l’épreuve). Une poignet de mains chaleureuses, je jette un coup d’oeil sur les résultats : 7h56m32s juste en dessous des 8h00 que je m’étais fixé.
Je vous rappelle que si vous souhaitez vous inscrire à une des courses du triathlon de Gérardmer, il faut suivre leurs actualités sur Facebook et les inscriptions pour 2020 auront lieu dans le courant du mois d’octobre. Soyez prêt car les dossards partent en quelques minutes, je ne vais pas refaire le XL en 2020 mais pour participer à la fête, je vais sûrement prendre un dossard sur le distance olympique.
Sinon je suis d’ors et déjà inscrit à l’ironman 70.3 du Luxembourg le 14 juin 2020… il devrait être un peu plus facile que celui de Gérardmer car la partie vélo est beaucoup plus roulante.