Un petit tour dans la salle flambante neuve Diagana à Lyon La Duchère, pour accompagner mon fils aux championnats régionaux d’athlétisme indoor, m’ont permis de faire un petit constat bien tristounet de la situation de l’athlé.
Déjà j’étais presque surpris qu’un jeune de 20 ans ai choisi d’y passer son dimanche après midi. Pour un athlète de demi fond de niveau régional voir national, il faut quand même une bonne dose de motivation. On imagine facilement que passer un week end à traverser toute la France en minibus, pour courir durant 2′ dans une salle déserte, perdue en pleine zone industrielle, n’est pas très excitant pour un jeune de 16 à 25 ans, surtout quand on connait la reconnaissance des clubs, bien faible, en comparaison des efforts consentis par ces jeunes… Même avec la volonté de faire du sport et de rester dans la course à pied on peut comprendre leurs envies de se tourner soit vers le hors stade, les raids ou les épreuves mixtes, beaucoup plus ludique et fun. On voit d’ailleurs cette dérive dans les résultats de ces épreuves, ou ce sont de plus en plus des jeunes athlètes qui trustent les premières places alors qu’auparavant c’était la chasse gardée des « vieux » séniors ou des vétérans. Les fabricants et les sponsors, l’ont d’ailleurs bien compris, ils ont perdu l’adresse des stades d’athlé et dorénavant suivent les pistes et les chemins du trail. De la même façon les médias, et notamment la télé, ne parlent plus de l’athlétisme (hormis les JO et quelques grands meetings internationaux) alors que l’UTMB ou le GRR profitent de reportages et de couverture médiatique importante ( Web TV, Canal Grand Raid, etc..). Autre exemple flagrant, dans la même semaine plus de 5000 candidats se sont vus refoulés d’une épreuve comme l’UTMB alors qu’ il y avait tout juste 8 finalistes (avec 2 vétérans et un V2…) pour la finale d’un 1500m régional.
Bon, on pourrait rétorquer que l’athlé à besoin d’ installations. C’est vrai qu’il n’y a quasiment pas d’installations pour s’entrainer correctement durant les mois d’hiver. Lorsque vous pratiquez des disciplines comme le sprint, les lancers ou les sauts, il est très difficile de trouver une salle qui soit équipée. Pour une ville, comme Saint Etienne, qui n’est quand même pas un village, il est impossible à moins de faire 2h00 de trajet en voiture de pouvoir réaliser un entrainement spécifique. On trouve des salles, mais pour le basket, le judo ou la gym mais pas équipées pour accueillir des sprinters, des sauteurs ou des lanceurs. Il est donc très compliqué de penser à susciter des vocations dans ces conditions, sans parler de pouvoir envisager d’avoir une élite compétitive. Ceci étant dans le cas de ces championnats, ce n’était pas le cas, car cette épreuve se déroulait dans une salle toute neuve et complètement dédiée à la pratique de l’athlétisme. Mais ces salles construites spécialement pour l’athlétisme, au delà de leur cout de construction, coutent très cher en entretien et en administration. Pour être rentable et ne pas devenir des gouffres financiers elles doivent accueillir de nombreuses compétitions et manifestations et il faut bien reconnaitre que les manifestations d’athlé n’attirent personne ou que peu de monde. Pour la 2ème journée des championnats régionaux Rhônes Alpes, il n’y avait pas de public hormis les accompagnateurs des athlètes. Seuls les grands meeting internationaux(et très souvent outdoor) attirent du public dans les salles (ou plutôt dans les stades…)
Enfin reste le problème de l’encadrement. Quand on interroge les dirigeants, on s’aperçoit que plus personne ne souhaite s’investir dans l’encadrement d’un club. Au Coquelicot 42, à Saint Etienne, club actuellement au niveau élite (la ligue 1 des clubs d’Athlé), le président qui souhaitait se retirer après 2 mandats, ne trouve personne pour prendre la suite. Et il avoue que sa mission, durant ces 3 ans, sera de se trouver un successeur plutôt que de mettre en place des projets ou une politique sportive.
Bref, on se retrouve à la fois avec un manque d’investissement des athlètes pour cette discipline sportive, d’un manque d’infrastructure humaine et technique et d’un public désinformé qui se désintéresse de ce sport. L’athlétisme est en train de disparaitre alors qu’il est à la base de toute pratique sportive.