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Retour sur la 40ieme édition des 100km de Millau

laurent


 

Aujourd’hui Atef Benyekhlef, fidèle lecteur de wanarun, revient sur la 40ème édition des 100km de Millau. Ils étaient 3146 partants sur l’épreuve reine et 2445 à l’arrivée. Il nous raconte son expérience.

 

Laurent-Wanarun : Salut Atef, est-ce que tu peux te présenter rapidement ? Ce que tu fais dans la vie, si tu as une petite famille. Ta pratique de la Course à Pied en général. Comment en es-tu arrivé là ?

Atef : J’ai 34 ans et je vis en couple à Théoule sur Mer. Ma profession n’a rien à voir avec le sport mais exige tout de même une bonne hygiène de vie. Je suis chauffeur livreur chez un grossiste en viande très connu. Mon métier implique des horaires très difficiles car je me lève en moyenne à 3h00 du matin tous les jours pour me retrouver dans des frigos une bonne partie de la nuit avant d’affronter le trafic azuréen et de livrer des grosses pièces de viande.

J’ai débuté la pratique de la course à pieds en 2009 au départ pour accompagner ma petite amie puis aussi pour perdre un peu de poids. Quelques course comme des 10km, des cross puis des semis et j’ai franchi le cap du Marathon en 2010 à l’occasion du Marathon des Alpes Maritimes Nice – Cannes. Malgré un entrainement en dents de scie, je termine en 4h17 sans trop de difficultés.

Pour comprendre mon parcours il faut savoir que j’ai une devise : « ce qui est à la portée d’un homme est à la portée d’un autre ». Certainement galvanisé par ma course malgré mes 95 kg, j’ai voulu me fixer d’autres objectifs. Je me suis donc passionné pour le fameux MDS en lisant un article dans un magazine de course à pieds. En juin 2010 je me suis inscrit pour la 26ème Edition qui s’est déroulée en avril 2011. Bien évidemment mon objectif était de le finir… ce que je fais en 67 heures environ. Lorsqu’on sort du MDS on a tendance à se dire que tout le reste est presque « facile »… J

 

Laurent- Wanarun :Pourquoi avoir envisagé de participer à Millau ? Comment as-tu géré la préparation, tous ces entrainements avec ta vie professionnelle ?

Atef : Je veux faire de grandes épreuves du paysage français et Millau en fait partie. Ma préparation a été ponctuée de plusieurs sorties longues à la fois sur bitume mais aussi en trail entre 25 km et 67km !!! Rien de plus. J’ajoute qu’avec mon activité professionnelle, il m’est tout de même difficile de suivre des plans d’entrainements très savants… Je fais partie de ceux qui se lancent des défis avec une préparation plutôt approximative

 

Laurent- Wanarun : Avais-tu un suiveur ?

Atef : A Millau j’étais seul. Ma petite amie m’a bien accompagnée mais elle n’a pas souhaité être suiveur certainement effrayée par la distance à parcourir bien qu’elle ait elle-même une très bonne condition physique car elle est très sportive. En revanche elle m’a conseillé en termes de compléments alimentaires et récupération car c’est aussi son métier. Elle est Personal Trainer dans un club de remise en forme. Son activité et sa passion pour le sport nous permet aussi d’être sur la même longueur d’ondes (en général J) et d’accepter et soutenir mes différents projets.

 

Laurent-Wanarun : Allez raconte nous ta course, comment as-tu géré ton hydratation, ton alimentation, est-ce que tu t’es arrêté à chaque ravitos ?

Atef : J’étais très confiant, excité et impatient au départ de la course avec mon pote Michael, un compagnon de course rencontré lors du MDS. Je suis parti très prudemment alors que lui est parti comme une flèche. On s’est malheureusement trouvé séparé dés le premier kilomètre !!!

J’ai fait la première boucle tranquillement, je franchi le 42ème km en 5h27 et suis arrivé à mi-parcours en 6h40.  « Jusqu’ici tout va bien ». La traversée des différents paysages est magnifique. En outre, la retransmission à la radio du match France – Nouvelle Zélande (grâce aux suiveurs bien équipés) à crée une ambiance amicale de supporters de rugby à l’intérieur de la course. J’ai couru avec un Camel-back 2l avec des ampoules de magnésium marin, du gâteau énergétique, des pâtes de fruit et des barres énergétiques puis quelques cacahuètes et noix de cajous salées pour alterner avec le gout sucré. Je me suis arrêté à tous les ravitaillements essentiellement pour boire de l’eau gazeuse et du soda présents sur la course.

J’arrive à Saint-Affrique 72ème km en 9h45. A la tombé de la nuit, j’entre dans la salle des fêtes. Ca sent bon la soupe de poireaux – pommes de terre et je découvre une atmosphère un peu en décalage avec l’euphorie de la course. Il y a une ambiance infirmerie de champs de bataille où on se fait soigner les ampoules, masser les jambes et les mollets. Certain tente même une petite sieste réparatrice sur des brancards avant de repartir. J’ai tout de suite compris que si je ne faisais que m’assoir, je ne pourrais plus repartir. Ici les coureurs peuvent récupérer leurs consignes pour se changer et passer à l’équipement de nuit (tenue plus chaude, frontale…). Sauf que je n’ai pas jugé utile à ce moment précis de me couvrir d’avantage, ne ressentant pas encore la fraicheur de la nuit Aveyronnaise… Evidemment, ce fût une fatale erreur de débutant car effectivement les nuits sont fraiches et la fatigue aidant, je me suis mis à frissonner très vite. LE COUP DE BARRE !!!

Ca y est ! Je suis cuit !!! J’ai froid, j’ai peur de sommeiller debout et de m’écrouler au sol. C’est alors que commence un nouveau combat : La lutte contre le sommeil. 6km de montée quasiment seul sur cette route qui vous coupent les jambes en traversant la forêt dans le froid. Personne devant ! Personne derrière! C’est long et c’est dur. Je crois que c’est à ce moment là que j’arrive à la conclusion suivante : « Le MDS c’est la récré les gars !!!! ». Dur dur physiquement, les impacts au sol, sur le bitume, vous laissent des traces de plus en plus profondes et ancrées dans vos cuisses. Un simple pas en avant devient douloureux. Les derniers km sont interminables…

J’arrive au 95ème km totalement HS (Low Low Battery). Au ravito, je croise Michael pas plus frais que le Atef ! Désormais le marquage au sol est répété à chaque km. A ce moment là je sais déjà que Millau, je n’y reviendrai pas de si tôt ! 99ème km, centre ville de Millau, ma petite amie, un peu inquiète et surtout impatiente de me voir, m’a rejoint pour une interview « à chaud » sur le dernier km. Elle ne m’a jamais vu dans cet état !!! Elle rit de me voir ainsi en même temps qu’elle est fière de mon parcours.

Finalement je rejoins le gymnase en 16h50 !!! Un long périple ! Je marche et je bouge telle une personne âgée de 90 ans au moins, un peu comme tous ces autres coureurs arrivant dans la nuit.

 

Laurent- Wanarun : Maintenant, peux-tu nous parler un peu de ton équipement, ce que tu avais de la tête aux pieds ?

Atef : J’ai couru avec des HOKA Bondi avec évidemment 2 pointures en plus de la mienne et je peux vous jurer qu’à l’arrivée à Millau, elles étaient parfaitement à la bonne taille J Je ne regrette pas ce choix de chaussures qui sont tout à fait adaptées à la surface et à la distance. Je les recommanderai à quiconque. De plus, pas une seule ampoule ! Sinon, une tenue très classique, cycliste de course à pieds et tee shirt technique à manches coutes et bien sûr des chaussettes à doigts INJINJI. Lunettes de soleil et casquettes.

 

Laurent- Wanarun : Aujourd’hui après quelques jours de recul, quels souvenirs, sentiments, douleurs gardes-tu de cette expérience?

Atef : J’ai adoré l’ambiance de la course. J’ai été surpris par l’âge moyen des concurrents et très apprécié l’organisation de la course (sécurité, ravito, assistance médicale). Avec le recul, je suis toujours persuadé que Millau est une épreuve plus difficile que le MDS, plus éprouvante physiquement d’un point de vue traumatismes articulaires. Evidemment 2 jours après c’est décrassage à la salle sur vélo pour récupérer à 50 % 60%. Puis séance OSTEO obligatoire pour repartir du bon pied. Au moment où j’écris, une semaine plus tard, je me sens tout à fait bien et je pense faire une reprise en douceur d’ici 2 semaines.

 

Laurent- Wanarun : Toi même Atef, Finisher en 2011 du Marathon des Sables et de Millau, quels sont tes prochains objectifs ?

Atef : Mes prochains objectifs sont le Marathon Nice Cannes le 20 novembre, la SaintéLyon en décembre et Marathon de Marrakech en janvier 2012 avec mon binôme préférée… ma petite amie.

 

Laurent- Wanarun : Merci Atef pour cette belle expérience, est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose ?

Atef : J’ai un profil Facebook, n’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions.

Je remercie, ma petite amie Magali ROBY pour son soutien, Laurent RAYMOND pour son soutien avant pendant et après la course, Michael DELANCE pour m’avoir accompagné car cela ne figurait pas dans ses plans et les membres des Bledrunners, des gens formidables que j’ai rencontré lors du MDS et qui partagent la même passion que moi.

Pour conclure, et comme on dit à Millau, « Ce que tête veut, jambe peut ! ». Maintenant c’est à vous de jouer !

4 commentaires sur “Retour sur la 40ieme édition des 100km de Millau”


Posté par frank Le 8 octobre 2011 à 8:31

Atef! Formidable! tu es un grand champion!

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Posté par michael Le 9 octobre 2011 à 6:11

mais atef, quel récit magnifique et merci de nous avoir fait rêver!!!!
Tu me donnerais presque envie d’y retourné.
je rajouterais….un grand champion qui sait rester humble!!!
BRAVO

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Posté par larrieu Le 9 octobre 2011 à 12:35

bravo pour ta volonté et ton courage j aimerai rentre en contact avec toi sur facebook je voudrais faire ses 100km de Millau et je suis comme toi avec des horaires d artisan boucher

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Posté par Chris Le 28 octobre 2011 à 9:10

J’avais pas vu ce recit !!!!! encore bravo Atef….;)

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