Je pourrais faire partie des aigris, des énervés, des colériques… Alors oui je suis arrivé au ravitaillement avec les deux tiers du parcours fait et pour 2 petites minutes, on m’a interdit de continuer en découpant mon dossard non sans un regard compatissant, les bénévoles ont été extraordinaires, attentionnés, encourageants, réconfortants…. L’ambiance sous la tente du ravitaillement était palpable. Je repense alors à ces images de l’UTMB où on voit les derniers coureurs arrivants à la Flégère et où on leur annonce qu’ils sont hors délai, quand on sait qu’il ne reste que quelques kilomètres de descente…. c’est encore plus rageant mais c’est le jeu.
Bien sûr, j’aurais pu crier au scandale en invoquant les bouchons dans le début du col des posettes où nous étions nombreux arrêtés pour rentrer sur le single après la montée de l’envers mais c’est le jeu si tu veux pas être gêné par les autres coureurs soit tu t’appelles Kilian Jornet soit tu fais ton marathon du Mont-Blanc tout seul les autres jours de l’année.
Il faut être réaliste, je n’ai pas été assez véloce dans la montée vers l’aiguillette des posettes et trop précautionneux dans la descente, je n’étais sans doute plus assez lucide pour m’élancer un peu plus dans la pente et rattraper le temps perdu.
L’organisation propose des délais raisonnables, ils sont connus de tous bien avant le départ de la course et chaque coureur peut comprendre qu’on ne peut pas monopoliser les bénévoles pendant des heures pour quelques retardataires qui ne sont pas dans un bon jour. Une course doit rester une performance et au delà d’une certaine allure, il faut rester raisonnable et plutôt que de se retrouver à l’arrivée avec des portes fermées ou l’équipe des organisateurs en train de ranger l’arche et les barrières, il vaut mieux poser des jalons tout au long du parcours pour valider la possibilité d’arriver dans des limites acceptables pour tout le monde.
On peut sans doute se remémorer les coureurs du marathon de Paris 2018 qui arrivait après 6h de course et qui ont trouvé des barrières pour les bloquer… réactions discutables mais cela reste une course sportive avec un objectif chronométrique.
Si depuis plus de 15 ans, je n’ai jamais eu de souci pour rejoindre l’arrivée, pour la première fois, je suis passé de l’autre côté (de peu il faut l’avouer) mais je l’ai bien pris, l’organisation a mis les formes, je ne suis pas sûr qu’il aurait été raisonnable de continuer, car si on m’avait laissé la possibilité je l’aurais fait sans aucun doute mais est-ce que j’aurais eu les capacités de continuer sans risque ? Je ne le saurai jamais… l’organisation connaît mieux que personne le parcours, les contraintes et avec l’expérience ce que peuvent faire les coureurs.
Alors chez amis coureurs, le jour où un bénévole vous arrête pour hors délai, restez sportif, consentez votre échec et travaillez encore plus pour revenir fort et plus rapide à la prochaine occasion.