L’autre jour après une grande épreuve, la Marvejols-Mende pour ne pas la citer, je m’assois à une terrasse dans Mende pour siroter un petit café et reprendre mes esprits. Non je n’ai pas couru cette fois mais fait quelques photos sur la moto, toujours estomaqué de voir à quelle vitesse peuvent aller les Ethiopiens et autres Kenyans dans les descentes pourtant si piégeuses de ce parcours de légende !
Et là je tombe sur un voisin de table qui commande ni plus ni moins qu’une énorme choucroute. Je le regarde entre envie et ventre serré… Il m’a sans doute remarqué et il me lance avec le sourire : « je me lâche un peu, ça fait un moment que je me restreins pour pouvoir faire cette épreuve, maintenant que c’est fini, je peux bien me faire plaisir ! Non ? »
Et combien sommes-nous dans le même cas ? Combien à prendre prétexte de pouvoir cramer des calories tant et plus dans notre activité physique pour en profiter en retour et calmer comme on peut notre légendaire gourmandise ?
Ne sommes-nous pas finalement des boulimiques frustrés ? Je me suis souvent posé cette question, étant moi-même particulièrement gourmand. Mais gourmand au sens large du terme, à savoir aussi bien des bonnes choses de la table, des bons plats que des petites « cochonneries » que constituent les barres chocolatées, les cacahuètes ou tout autres choses… Aussi parfois en m’astreignant à une alimentation plus contrôlée, j’ai toujours essayé de faire gaffe. Je me suis toujours dit qu’en course à pied, il valait mieux être léger quelque part. Mais bon quand revient une préparation plus ardue sur des ultras ou courses plus longues, quand je sais pertinemment que je vais brûler 2 ou 3000 kcalories sur un seul entrainement, je me dis que je vais tout de même pouvoir en profiter dans la journée… Bref le drame est quand je suis obligé d’arrêter ou que je me repose après une grosse épreuve. Il y a ce « lâcher-prise », ce « je laisse couler »… Alors ça commence toujours par un bon repas bien conséquent, un peu du genre « la choucroute du gars de tout à l’heure », mais après c’est difficile à calmer le jeu. On se dit : « de toute façon je vais reprendre bientôt » ou « bon j’en ai tellement souffert pendant la préparation qui a duré un mois, qu’une semaine à me laisser aller, ça va rien faire… »
Et puis les kilos, deux ou trois, sont beaucoup plus faciles à prendre dans ce sens qu’à perdre à l’entrainement.
Je ne parle pas ici des coureurs qui « font le métier » comme on dit et que l’on retrouve dans le monde « des pros ». Ceux qui pèsent leur aliment, qui ne prennent que ce dont a besoin le corps et pas plus… Cela me semble au-dessus de ma notion de plaisir et de bonne vie. Mais dans ces derniers, il y aussi deux catégories certainement : ceux qui le font le plus naturellement du monde, sport ou pas sport, et ceux qui se forcent carrément à le faire, cherchant à lutter contre le moindre gramme superflu… Entre boulimique et anorexique, le fossé est très faible finalement et ne se limite pas à des kilos comme on pourrait le penser aux premiers abords.
Combien sommes-nous à prendre une bière ou deux après une compétition (ça réhydrate parait-il mieux que toute autre boisson, ah ah) ? Ou à nous dire simplement devant notre repas qui suit, souvent à midi ou 13h (après la remise des prix qui dure !), « je l’ai bien mérité ? »
Et si on pratiquait la course à pied que pour garder la ligne finalement ? Se prouver que l’on peut rester jeune quelque part aussi ? Allez savoir…
Je viens de finir un « Snickers » en écrivant ce billet (280 kcalories), il faut que j’aille trottiner un peu ! Ah , ah …