Le Prologue
Quelle qu’en soit la raison, se rendre à Lyon reste toujours une forme de défi pour un Stéphanois. Encore plus à 5h du matin quand il s’agit de rejoindre les participants de la 180. La 180, qu’est ce donc ?Tout simplement l’idée qui a germée dans l’esprit de quelques coureurs il y a une dizaine d’année. Cela consiste à se rendre à Lyon, à l’arrivée de la célèbre épreuve de la Saintélyon, d’en effectuer le parcours en sens inverse, sans dossard, ni chrono (un off comme on dit dans le milieu) en compagnie d’une vingtaine d’illuminés triés sur le volet par le maître de cérémonie, un certain Arthur Baldur, Jean Francois dans la vraie vie. A l’issue de cette « ballade », il suffit de prendre le départ de la fameuse doyenne (qui fête son 60 ème anniversaire) des courses natures, de la terminer et ainsi vous aurez bouclé la 180, une sympathique aventure de 150Km. Vous allez me dire, mais pourquoi la 180 et non pas la 150 alors ? Tout simplement parce que le départ de la 180 est donnée sur la ligne d’arrivée de la Saintélyon, donc 69, le numéro du département. OK ? Ensuite une arrivée à Saint Etienne, numéro de département 42 et comme le retour se termine à Lyon, on a donc de nouveau le 69! C’est bon, jusque là ? Vous êtes toujours en piste? Donc 69+42+69= 180, CQFD!
Alors que nous longeons la raffinerie de Feyzin et que les hautes cuves crachent leur flammes dans la nuit, je me rassure en songeant que mes aventures en course à pied les plus mémorables ont souvent eu une mise en bouche alors que le soleil ne s’était pas encore levé. Il est 6h00 quand nous retrouvons les 21 participants, présentation rapide, je fais partie des novices, certains ont déjà plusieurs titres de finishers au compteur. J’ai bien lu les différents compte rendu des éditions des années précédentes afin de m’imprégner des conditions de ce off, mais cela reste une aventure, avec beaucoup d’interrogations pour un coureur comme moi qui n’a jamais dépassé les 120 km. Vous admettrez que cela puisse poser questions, notamment, celle de gérer le fait d’arriver quasiment chez soi à mi parcours, et le refaire quasiment dans la foulée en sens inverse de nuit.
Après un petit briefing d’Arthur plus ou moins suivi attentivement nous nous rassemblons près de la ligne d’arrivée, en l’occurence celle du départ. Oui je sais, il n’est pas toujours facile de suivre cette dualité, mais vous allez voir avec le temps, on s’y fait. 6h30, les abords du Palais des Sports sont déserts, difficile d’imaginer l’effervescence qui va animer ces lieux dans quelques heures, avec les milliers de coureurs en terminant avec la Saintélyon. Pour l’instant les échanges de conversation entre nous sont rares, chacun semble attendre de s’élancer pour chasser les doutes et les questions qui se bousculent face à ce défi. Il s’agit plus de regards en coin face à l’équipement de l’un ou de l’autre afin de jauger de l’efficacité et de la pertinence du sien.
Une photo de groupe, ou je réussis la prouesse d’en être à la fois totalement invisible et repérable comme le nez au milieu de la figure, en ayant l’idée lumineuse de conserver ma lampe frontale allumée. Théo et une équipe de Tout le Sport sont déjà en train de travailler, leur activité et les éclairages qui trouent l’obscurité ambiante démontrent qu’un événement va se dérouler ici. Arthur lance le décompte, nous voilà parti!
L’aller
Je me glisse de suite dans la queue du peloton, étant à priori le doyen du groupe, je vais déjà essayer de suivre le rythme du groupe avant de faire quelque plan ou projet. Nous sortons du parc de Gerland, puis après avoir traversé le pont nous voilà au cœur de la ville. On croise quelques rares passants, pas surpris de voir ce groupe bigarré qui déambule au petit trot dans les rues. On ne peut pas dire que nous progressons dans l’anonymat malgré la nuit qui enveloppe toujours Lyon. En effet outre Théo et l’équipe de France TV, nous sommes escortés du dénommé «Biscotte», bras droit d’Arthur et l’un des animateurs du Lyon Ultra Run (organisateur de la 180), qui assure l’ambiance avec la musique de sa voiture. Tout cela ne me trouble pas et après ces premiers kilomètres, je reste concentré sur ma stratégie qui est justement de ne pas en avoir. Le seule priorité étant d’en profiter, de prendre du plaisir, tout en s’économisant au maximum.
Pour l’instant, la cadence me convient tout à fait, un trot tranquille sur le plat et des montées en marchant. Jean François soucieux de garder le groupe homogène fait l’ascenseur dans le groupe pour s’assurer que chacun n’éprouve pas de difficulté à suivre le rythme. Il en profite pour glisser un petit mot à chacun, on sent chez lui une maîtrise de cet exercice qui me rassure sur le fait que je ne vais pas me retrouver abandonné en rase campagne, dès les premières difficultés. On atteint les hauteurs de Ste Foy les Lyon, ou se confirme l’adage qui dit que « C’est beau une ville la nuit », avec en fond, l’aube qui se lève sur la chaîne des Alpes. Découvrir ce genre de panorama est déjà une récompense pour avoir fait l’effort de se lever si tôt.
Beaunant, on devrait avoir parcouru 5 Km comme annoncé dans le Road Book officiel, en fait nous sommes plus près des 7. D’avoir atteint ce point (dernier ravito de la Saintélyon) a vraiment lancé la course, chacun est désormais complètement rentré dans cette 180. Le jour commence à se lever, les positions de chacun se mette peu à peu en place dans le peloton, des binômes se forment, les conversations et autres échanges entres coureurs se multiplient. On récupère 2 coureurs qui ont eux aussi décidé de rallier le départ de la Saintélyon en courant, ils font le off du off, comme quoi cette folie peut devenir contagieuse. Le soleil est maintenant levé, il va nous accompagner toute la journée, en même temps qu’il nous réchauffe, on profite d’une belle lumière. Durant la montée vers Soucieux, on rattrape un groupe de randonneurs, la fierté de démontrer notre statut de coureur pousse chacun à augmenter la cadence, malgré la côte assez rude. Il en va de notre réputation.
On découvre au loin les Monts du Lyonnais enneigé, le spectacle de la campagne sous le soleil. A la faveur des regroupements chacun exprime la chance qu’il a de pouvoir vivre de tels instants et de les partager, la journée va être magnifique. Il est 9h30, nous avons parcourus 21km, nous sommes dans les rues du village de Soucieux, notre première étape. C’est la queue à la boulangerie, la tarte aux pralines locale fait fureur et il y a risque de pénurie. Cette pause est la bienvenue, et c’est un moment de plaisir de manger des douceurs, tranquillement installé sous le soleil. Théo qui vient de nous rejoindre, enregistre quelques témoignages sur cette première partie de la course. Les conversations vont bon train, tout le monde semble serein et c’est avec regret qu’i faut remettre le sac au bout d’une trentaine de minutes. Il est 10h, direction Ste Catherine!
Après quelques kilomètres de route, on pénètre dans le bois de Bouchat. L’ambiance est à la bonne humeur et c’est avec enthousiasme que toute la troupe traverse la ferme du Grand Prost, puis s’engage dans le passage en forêt avant la descente du bois de la Dame. Les paysages qu’on traverse sous ce soleil radieux, m’encouragent à multiplier les plans avec la Go Pro, je mesure la chance de pouvoir profiter de ces moments. St André la Cote, le village est paisible et respire la plénitude. On resterait volontiers plus longtemps à admirer le panorama fantastique avec la chaîne des Alpes et le Mont Blanc, mais le bois d’Arfeuille et Sainte Catherine nous attendent.
Le Bois d’Arfeuille, un des hauts lieux de l’épreuve avec quelques passages mythiques, comme celui avec les 2 chaises plastiques,qui nous donnent l’occasion de faire quelques photos. Le groupe progresse à un bon rythme, le chemin est dégagé et plutôt roulant. Bref, hormis une petite faim qui commence à me tenailler ce n’est que du plaisir. Ste Catherine c’est le cœur de la Saintélyon , tout est déjà installé au niveau des infrastructures du ravitaillement. On s’engouffre dans la grande tente et on découvre que ç’est Noël avant l’heure ! Sur une grande table, en lieu et place des produits que l’on trouve habituellement, se dresse un magnifique buffet ! Bon, je ne vous fais pas le descriptif de tout ce qui est proposé, mais c’est puissance 300 fois ce que vous avez jamais pu avoir de mieux lors d’un ravitaillement. Chaque participant a amené quelque chose et je peux vous assurer que pour certains il se sont défoncés (peut être même plus que pour courir). Il y’a même du vin et du champagne! Théo, me demande si c’est toujours « comme cela » ? Je lui précise que ce n’est jamais « comme cela » et que ce ne le sera jamais plus…Toute la joyeuse bande fait honneur à ce buffet, installé et servi avec attention par la famille d’Arthur. L’esprit de convivialité déjà de mise entre nous devient fraternel avec le partage de cette bonne chère. Mais où tout cela va-t-il nous mener ?
Après une telle dégustation, tout le monde aspire à une bonne sieste, mais Jean François en animateur avisé a prévu le coup, et pour garder tout le monde en éveil, il enfile sa tenue de Père Noël, pour une distribution de cadeaux. Chacun reçoit un lampe frontale afin d’éclairer notre route, mais sa générosité ne s’arrête pas là puisque nous gagnons tous un dossard pour une course et bingo, je tire un des gros lots, un dossard pour l’Ultra Trail du Grand Verbier ! Vous imaginez qu’après toutes ces émotions, quand, notre « routeur » nous annonce qu’il va falloir y aller, il y a un certain flottement dans les rangs. Ceci étant, chacun est bien conscient qu’on ne peut rester là, à attendre tranquillement la nuit et les concurrents de la Saintélyon pour rentrer sur Lyon.
Il est 15h00, cap sur Saint Etienne, via St Christo. C’est la partie qui s’annonce la plus difficile, le parcours va être enneigé, verglacé et la température va chuter avec l’arrivée de la nuit. Après la côte du départ, c’est une partie roulante en sous bois où l’on peut courir à un bon rythme. Au bas de la descente de Plein Pot, on effectue une petite halte afin de reformer le groupe, il commence à y avoir quelques difficultés pour certains à suivre le rythme. Plus loin l’organisation de la Saintélyon a creusé un passage à la pelleteuse, c’est le premier contact avec la neige et les congères. Nous arrivons sur les crêtes, le froid commence à e faire sentir, car même si c’est l’occasion d’un magnifique coucher de soleil, nous perdons sa chaleur. Après une courte halte au hameau du Moreau, le silence règne sur le groupe, chacun est dans sa bulle attentif, il faut être très prudent car nous rencontrons beaucoup de plaques verglacées.
Après une longue descente bitumée, qui chauffe bien les cuisses, la nuit est tombée et chacun allume sa frontale. Le village de St Christo se découvre mais le temps presse, nous sommes en retard sur l’horaire, la nuit, le froid, la fatigue et les retardataires, que l’on attend plus ou moins à la faveur des regroupements, font monter la tension. Après quelques hésitations sur le chemin à prendre, nous atteignons enfin Saint Christo. Ce stop qui devait durer 30 mn se fait au pas de course, je récupère une banane, un verre d’eau, quelques SMS rapide pour annoncer notre arrivée (estimée vers 20h30, soit 1h30 de plus que ce qui semblait prévu) et le signal du départ est donné. Le passage au ravito de Saint Christo, avec les bénévoles déjà en mode « Saintélyon » ont changé l’ambiance dans la groupe. Chacun est concentré sur son allure, l’état du terrain et la portée lumineuse de sa frontale. On passe le col de la Gachet, c’est très glissant et certains ont mis les chaînes sur les chaussures. Le Fayet, Albuzy, on découvre les lumières de Saint Etienne, avec notamment un feu d’artifice tiré vers le stade Geoffroy Guichard (fallait bien que j’arrive à caser ce lieu mythique dans mon compte rendu, surtout avec tous ces lyonnais autour de moi). Découvrir ma ville, me donne un surplus d’énergie et je dévale la pente en attendant avec impatience le retour du bitume qui annonce l’arrivée vers Sorbiers.
Tout le monde est pressé d’en finir, après la descente de Sorbiers, on traverse le carrefour de la Vaure puis la zone industrielle et on débouche à Méons. Conciliabule au rond point, je conseille de partir à droite pour rejoindre plus vite l’avenue qui nous mène à l’arrivée (au départ). Certains pensent qu’il est préférable de suivre le fléchage de la Saintélyon. Oui, certes, mais par mon itinéraire on va gagner 15 mn. Finalement, je fais scission accompagné d’un membre du groupe. On arrive les premiers (bien entendu) vers 20h30 et on franchit la ligne avec l’équipe de Tout le Sport (qui en fait attend Patricia) et Théo pour immortaliser cet évènement historique. Ma chère et tendre est là pour m’accueillir, pas vraiment en héros, mais plutôt en me signalant que l’on devait arriver beaucoup plus tôt et que cela fait un moment qu’elle se gèle à m’attendre… C’est un peu tristounet cette aire de départ/arrivée, le DJ fait bien des essais de sono et quelques personnes traînent dans le coin, mais on se sent plus à quelques heures d’un événement qu’au moment d’en célébrer un. Mon compagnon d’échappée décide de rejoindre le Flore car il commence à faire froid et finalement je fais de même quelques minutes plus tard. Je traverse le hall B et là c’est le choc, des milliers de coureurs, couchés, assis, debout, ont envahi l’immense salle. Je zigzague à travers des corps allongés, endormis ou en pleine concentration, le brouhaha ambiant est impressionnant, mais c’est surtout cette marée humaine qui me frappe. Après la journée que je viens de vivre le contraste est assez frappant, j’ai bien quitté le cocon de la 180, pour rejoindre le monde plus impitoyable de la Saintélyon.
Avant de pouvoir rentrer dans la salle de restaurant je dois faire la queue jusqu’à un un clown (oui un gars qui est déguisé en clown) et qui empêche quiconque d’aller plus loin tant que celui ci ne sera pas inscrit en bonne et due forme à la pasta party. Holà! Je viens de faire 75 Km, en compagnie de 20 personnes avec qui on a partagés des moments intenses, dans un environnement magnifique, et là je n’ai ni la tête, ni les jambes prêts pour ce type de servitude. Après avoir négocié avec le clown, je peux enfin passer et là je découvre que le restaurant est envahie par une multitude de gens. Nouveau choc, moi qui croyais que l’on serait simplement entre nous. Après un rapide tour de la salle ou les personnes attablés me dévisagent, genre: « C’est qui lui? Déjà tout équipé (je n’ai quitté ni gants, ni bonnet, ni le sac…) ? C’est vrai que j’ai plus l’allure de celui qui a terminé la course que de celui qui se prépare à en prendre le départ?». Sans plus réfléchir je décide d’activer le plan B, c’est à dire passer par chez moi. Arthur et les autres arrivent à leur tour, je récupérer mon dossard, le superbe livre et je m’échappe.
Le retour
5 mn de voiture plus tard, me voilà à la maison, passage sous la douche et après avoir mangé un plat de pâtes que nous a préparé Véronique (Théo est déjà passé par la case «Maison»), au calme dans mon lit, je m’octroie 20 mn de sieste. J’en profite pour recharger ma montre, mon téléphone, la batterie de la Go Pro et vider la carte mémoire. Il me reste 1h30 que je vais passer dans mon canapé, devant l’élection de Miss France, certes, on peut discuter de la pertinence du choix du programme TV (qui en l’occurrence n’est pas le mien), mais il se révèle d’une efficacité garantie pour la récupération. Je tente d’effacer au maximum les traces de cette première partie de la course, de mettre de côté toutes les émotions, les ressentis, les efforts. Je dois me conditionner sur le fait que tout démarre maintenant, que tout ce qui s’est déroulé durant cette journée doit être rangé et oublié. Physiquement ça va, il n’y a pas de lassitude, ni de douleurs musculaires et je n’ai pas de traumatismes, je respire profondément pour évacuer toutes les tensions ou le stress, il faut que je me présente au départ aussi frais que possible, physiquement et mentalement.
23h00, je me change complètement et adapte ma tenue aux conditions de la Saintélyon et de ce que j’ai pu constater durant la journée. Retour à la Plaine Achille ou je dépose mon sac à la consigne, un flot de coureurs s’écoule du hall B, on se laisse porter avec Véronique par cette vague qui se dirige vers le départ. Cette pause à la maison a été bénéfique, j’ai pu recharger les accus, je suis détendu, serein, sans stress. C’est dommage de n‘avoir pas pu partager ce moment avec mes partenaires, mais avec l’agitation qu’il y avait au Flore, je ne crois pas que cela aurait été convivial et dans l’esprit de ce que l’on a vécu aujourd’hui. J’essaye de voir si je ne retrouve pas quelqu’un, grâce au sticker que l’on a collé sur notre sac, mais dans cette foule de plus de 7000 coureurs ce serait vraiment un miracle de tomber sur un des 20 participants. Je quitte Véronique pour pénétrer dans le sas de départ et je me glisse jusqu’au milieu de l’avenue, avec tout ce monde serré les uns contre les autres, il ne fait pas froid du tout.
H-10 mn, je papote avec mes voisins qui font la Saintélyon pour la première fois. Ils me demandent ce que signifie l’autocollant 180? Je n’ai pas l’impression que mes explications les convainquent, jusqu’à ce qu’un gars derrière moi s’exclame: » bravo! Tu fais partie de ces 20 fous furieux ?» Ils me regardent alors différemment…H-5 mn, la tension monte d’un cran, mais blotti au milieu de cette marée de coureurs, je suis dans ma bulle, calme, détendu, serein et déterminé. Je regarde à droite, à gauche, derrière, la foule trépigne, les frontales s’allument, les regards sont inquiets ou concentrés. Chacun ressent la sensation jubilatoire d’en être, de participer à l’aventure, quand on participe à ces manifestations c’est pour vivre ces instants, ou l’on se sent vivant, avec toute cette énergie qui bouillonne en nous. Ce sont des moments forts, rares, qu’il faut savourer même si bien sur il va falloir les parcourir ces 75 Km, affronter le froid, le verglas, les longues parties bitumées, la foule des coureurs (ce qui peut devenir un problème avec les embouteillages), les chutes. Arthur souhaite 100% de finishers et Théo et son équipe sont là pour le film, il est donc impossible que je n’aille pas au bout. Etrangement, plutôt que de m’inquiéter sur la fatigue et les difficultés à venir, le fait d’avoir parcouru le trajet dans la journée me donne plutôt un sentiment de confiance. Je l’ai fait en 12h avec plaisir et sans dommage, pourquoi le retour ne se passerait il pas dans les mêmes conditions? 5-4-3-2-1-0. Ca y’est c’est parti pour cette 60ème édition de la Saintélyon, ma 5ème participation et ma 1ère en mode Aller-Retour
L’énorme masse des participants s’ébranle et après 3mn de piétinements, surtout passé à éviter les sacs poubelles, je passe sous l’arche. Je me cale sur un petit rythme d’environ 10 km/h, j’ai oublié ma montre et je fais ça au feeling, le but étant de courir sans produire d’effort. Impressionnant cette foule qui a envahi la rue et les trottoirs, je me fais doubler constamment et même si je ne vois les gens que de dos, je me rends bien compte, dans leur tenue ou leur l’allure, de l’extrême diversité des participants. Des grands, des petits, des maigres, des gros (oui, oui, aussi), des (très) jeunes, des (très) vieux, certains sont carrément en tenue de sprinter avec short et tee shirt (peut être ont-ils prévu de s’arrêter à Sorbiers) alors que d’autres sont équipés comme s’ils partaient en expédition pour l’Himalaya. Ca cause, ça s’interpelle, ça se bouscule, bref c’est une joyeuse pagaille jusqu’au carrefour de la Vaure ou la première grimpette calme un peu les ardeurs. Il est 0h48 sur mon téléphone, très correct comme temps car j’ai du me faire dépasser par au moins 3000 concurrents, sans être monté dans les tours.
Au début du chemin, je dépasse un attroupement créé par tous ceux qui installent leurs chaînes, pour faire de même, quelques mètres plus loin, tranquillement. Albuzy, Fayet, retour sur la route, puis une nouvelle section qui passe par le hameau de La Thiollière, c’est là que je me fais doubler par un « 180 ». On échange quelques mots et je le laisse partir devant, on se reverra, j’espère, à l’arrivée ? La course est fluide, l’allure de ceux qui m’entourent correspond plus ou moins à mon rythme et je ne suis pas gêné pas des ralentissements ou des bouchons. Tout serait parfait si ce n’est certains concurrents (es) qui s’interpellent à tout bout de champ, notamment une certaine Sylvie qui motive sa collègue Nathalie avec force hurlements. C’est clair (ou plutôt c’est sombre vu qu’il fait nuit noire) que l’ambiance n’a à voir avec ce qu’on a vécu durant la journée et je ne suis plus là pour profiter du paysage, même si c’est sympa de découvrir ce long serpentin de lucioles dans la nuit. Après le passage au Col de la Gachet, c’est l’arrivée à St Christo, il est 2h30, pile poil ce que j’avais estimé !
L’avantage d’être en queue de peloton, c’est qu’il y a moins de monde et je ne suis pas obligé de me battre pour accéder aux tables de ravitaillement. Un thé, quelques gâteaux et je démarre ce qui sera mon fil rouge des ravitos : les madeleines (j’adore). Après avoir refais le plein d’eau de ma gourde (je n’ai pas assez bu…) je repars. Arrivé sur la crête, la bise souffle, mais bien protégé par mon équipement je ne souffre pas du froid et suis vraiment étonné par la puissance de ma frontale Ferei. Au moment de doubler un gars, celui-ci me lance « C’est sur que c’est plus facile quand on fait la course de jour ». Courir avec cette de visibilité permet de progresser sans appréhension et sans trop d’efforts de concentration, c’est un vrai confort et une belle économie d’énergie autant physique que mentale. Passage au Moreau, avec un coup d’œil à l’étable qui nous a abrité en fin d’après midi avant d’attaquer la montée goudronnée. Un peu plus loin, je tombe sur les groupe de « Courir pour des Pommes », installé sur les hauteurs de la course ou ils ont fait un grand feu, pour encourager les coureurs. Une photo avec « le fou qui fait la 180 » et direction la descente de « Plein Pot » que j’aborde avec prudence vu que c’est tout verglacé. Les appuis sont bons et finalement ça passe tranquille, je double même plusieurs coureurs qui avancent à très petits pas.
Retour au goudron, après les 2 petites descentes (qui l’année dernière était devenu un vrai bourbier) me voilà à Ste Catherine, il est 5h00 et si Paris s’éveille, ici tout le monde est déjà bien d’aplomb pour accueillir les concurrents. Je viens de dépasser les 100 km (105), je suis content d’être arrivé jusqu’ici, en forme et sans dégât. J’avale une soupe, bois un coca, quelques madeleines, branche la batterie double durée sur la frontale et direction la sortie. Un frisson me parcourt tout le corps lorsque je sors de la tente du ravito de Ste Catherine. Il est du autant au froid, qu’au souvenir de mon arrêt ici l’année dernière, ravivé par la vision d’un petit groupe de coureurs, emmitouflé dans des couvertures de survie, attendant le bus. Traversée du village et on grimpe au dessus de Riverie. Je cherche à progresser sur un rythme le plus économique possible, car je commence à sentir quelques tiraillements au niveau des ménisques. La route du hameau de Brûle Fer, puis c’est la traversée de la Bullière, avant la descente du Bois d’Arfeuille. Mauvaise surprise, c’est boueux et verglacé! Je commençais à regretter de n’avoir pas remis les chaines, mais là j’hésite vraiment ? Finalement je me lance, les Hoka, plutôt savonnettes dans ce genre de conditions, s’en sortent plutôt pas mal. Je double même un concurrent et réalise qu’il s’agit de Patricia, elle est en compagnie de Nicolas et ne semble pas au mieux. Elle vient de chuter et termine cette descente prudemment, je suis content de retrouver des coureurs de la «180», on va pouvoir prolonger notre aventure ensemble.
La remontée du Bois d’Arfeuille regroupe les coureurs, ça bouchonne un peu, on patauge dans la boue, mais pas de trace de verglas. J’ai droit à quelques remarques sur la puissance de ma lampe, je fais même un petit argumentaire auprès d’un gars, qui pleure sa misère, avec sa bougie. Mes genoux me laissent en paix dans les montées, j’en profite pour dépasser quelques concurrents, A St André la Cote on fait un petit stop ou l’on admire les premières lueurs de l’aube qui commencent à éclairer la chaine des Alpes. C’est aussi l’occasion de remette les chaînes, beaucoup de passages ou l’on est passé sans encombres hier, risquent avec le froid d’être gelées. Durant la descente à travers la forêt pour rejoindre St Genoux, les douleurs dans les genoux deviennent très pénible, j’essaye au mieux de prendre mes appuis sur les talons pour les soulager. On arrive enfin au ravito de St Genoux, il est 7h45, 114 Km effectués, le jour est maintenant levé. Thé, madeleines, Coca et un Doliprane, car j’ai peur de ne pouvoir continuer si je ne prends pas d’anti douleur. On retrouve Arthur et Bernard dans le ravito, le groupe des 180 s’étoffe et l’on repart en leur compagnie, direction Soucieux.
C’est sympa de s’être retrouvé, au delà du plaisir d’être ensemble, cela me donne un coup de boost. en me rassurant sur le fait que je suis dans le rythme, car à priori ce sont tous des coureurs ayant un niveau supérieur au mien. Ceci dit, rapidement je me retrouve décroché, la douleur aux genoux m’oblige à marcher. J’en profite pour faire tourner la Go Pro, je l’ai un peu laissée tomber durant la nuit et avec la belle lumière du matin sur la campagne, le soleil qui se lève, tout cela devrait donner quelques plans, qui j’espère devraient plaire à Théo. Le Doliprane commence à faire effet et je peux m’engager à un bon rythme et sans appréhension dans la descente du bois de la Gorge, mais c’est en remontant vers le Boulard, que je me prend 2 gamelles successives! Je suis un peu secoué, mais après une gorgée d’eau et une profonde inspiration, je relance la machine.
Passé le hameau du Boulard, c’est la descente du bois de la Dame que je dévale à un bon rythme d’autant que maintenant il fait complètement jour. Au bout de quelques mètres dans la remontée, vlan !Un sérieux coup de pompe ! Plusieurs gars que j’ai doublé dans la descente me reprennent et je n’arrive que difficilement à rester dans leur sillage. C’est typique de l’ultra cette alternance de moments difficiles et euphoriques, il me faut gérer ce passage en allant chercher au fond de moi les ressources mentales pour dépasser cette envie de lâcher. D’être dans l’introspection ne m’empêche pas d’avancer,et petit à petit, je récupère un peu d’énergie et j’arrive à me remettre au trop lors de la traversée de la route. Ca y’est la machine est relancée.
Après la traversée dans la forêt, c’est la ferme du Grand Prost. Il reste le bois du Bouchat, la route jusqu’à Soucieux et une fois arrivé à Soucieux et bien je serais arrivé à Soucieux! Non, ça ne sera pas fini, mais là bas, je ferais le point. Le point de quoi? je ne sais pas, mais c’est toujours bien de se fixer des étapes. J’ai toujours fonctionné comme cela sur les ultras : CP après CP, ravito après ravito, ne jamais globaliser la course, toujours l’appréhender section après section. Une fois sorti du bois du Bouchat, je déroule à une bonne allure vers Soucieux, il fait beau, le paysage est superbe, quel plaisir de participer à cette épreuve, c’est avec la banane, que j’arrive à Soucieux. Il est 9h53, j’ai bouclé 130 Km. Je retrouve Arthur, Bernard, Nicolas, mais aussi William et Jean Pierre. Patricia arrive peu après, elle nous fait un petit pétage de plombs et se retrouve en pleurs, allongée par terre. Arthur la prend en main (au figuré) et lui explique qu’il n’est pas question qu’elle lâche l’affaire. Ceci étant, il va falloir se bouger car il est 10h, la barrière horaire à Soucieux est à 11h et si l’on traine un peu trop on va se retrouver hors délai, tant pis pour le break que je pensais faire ici, je décide de prendre la foulée de JP et William. Il ne faut pas trop réfléchir, c’est bien connu, plus on s’incruste quelque part, plus il est difficile d’en partir.
JP et William sont sur une stratégie de 5 à 6, comprenez 5 mn à 6 km/h suivi de 5 mn en marche «rapide», d’après leurs calculs, cela devrait nous amener à l’arrivée vers 13h30. Très rapidement William a du mal à suivre, ils nous propose de le laisser continuer seul, mais c’est hors de question: « Tu vas en chier mon gars, mais on va te trainer jusqu’au bout s’il le faut ». Mes douleurs dans les genoux se sont réveillés et je souffre le martyr dans la descente vers le Garon, mais pas question de ralentir le rythme. Tour à tour avec JP nous prenons les relais pour imprimer la cadence et haranguons William pour qu’il ne renonce pas. Remontée du Garon, traversée de Chaponost, il est dimanche matin et les gens en sortant de chez eux, découvrent tous ces pauvres hères, le regard halluciné à la démarche pas vraiment ssurée.Tout le monde ne tient plus qu’au mental, les jambes ne sont plus qu’une mécanique branchée sur un cerveau qui n’à qu’un leitmotiv: rejoindre le Palais des Sports. Chacun avec son mantra perso : nous avec JP et William, on fait le décompte de la distance, en hurlant à chaque km parcourus, le nombre restant. Peu avant le parc du Boulard, Arthur, Nicolas et Patricia nous rejoignent, notre regroupement interpelle les concurrents qui nous entourent. Cela devient même de la stupeur quand ils comprennent dans quelle aventure on est engagée.
Arthur donne le rythme et l’on dévale la descente de Chaponost, je serre les dents, la douleur dans les genoux est terrible, mais il n’est pas question que je sois lâché. Je regrette un peu de laisser JP et William, mais en restant au contact d’Arthur, en plus de l’assurance de rejoindre l’arrivée en temps et en heure, il y a un sentiment de fierté de pouvoir arriver en leur compagnie, notamment Arthur grand maitre de cette 180. Les sensations se bousculent, la souffrance physique se mêle à la joie de savoir que je vais en terminer et à celle de partager ces derniers kilomètres avec mes trois partenaires. Nous sommes à Beaunant, un panneau annonce le ravito à 500 m alors qu’il se trouve à 50 (pour une fois que c’est dans ce sens…). C’est le dernier ravitaillement, il reste moins de 10Km normalement, il est 12h15, 140 Km ont été parcourus. J’ai la dalle, je mange un peu de tout ce qui me tombe sous la main :saucisson, jambon, pain, madeleines, pâtes de fruit. Un bénévole m’encourage : »Allez! Pas question d’arrêter ici». Je ne répond pas, mais il voit dans mon regard qu’il n’en est pas question. Mes 3 compères ont déjà quitté le ravito, nous sommes prêts à affronter la montée de l’aqueduc.
Il est hors de question de subir la montée, sinon cela va être un calvaire et je me lance dans l’ascension les yeux rivés sur le bout de mes chaussures, les mains sur les cuisses. Inspiration, expiration, je n’ai pas les bâtons mais j’adopte la même gestuelle et technique que pour grimper un col. J’oublie l’environnement, je n’écoute pas les douleurs, concentré sur une seule chose, avancer, un pas après l’autre en maintenant la cadence. Quand je sens que la pente s’adoucit, je lève enfin les yeux et aperçoit un «Stop» à une trentaine de mètres, voilà c’est mon objectif. Il y a de la satisfaction quand j’atteins le panneau, certes j’ai le souffle un peu court, mais je ne suis pas explosé et n’ai pas les cuisses tétanisées par l’effort. Désormais il n’y a plus qu’à se laisser glisser jusqu’à l’arrivée. Arthur prend la direction des opérations, je me cale en queue de notre petit groupe, afin de récupérer. Je reconnais plus ou moins les passages que l’on a empruntés hier matin, ceci dit l’heure n’est pas au tourisme, mais plutôt à ne pas être décroché.On traverse un square, puis c’est un enchaînement de rues et le panneau des 5 Km. Quoi? Encore 5 Km??!!! Le manque de lucidité commence à se faire sentir, la perception du temps et de la distance parcourue deviennent très aléatoire. Phénomène récurrent sur la fin des Ultras, les centaines de mètres qui durent des kilomètres, les minutes à 100 secondes…
Voilà enfin les escaliers du Grapillon, mais pas le temps de profiter de le vue, on se lance dans la descente. Même stratégie que pour la montée de l’aqueduc, ne pas réfléchir, on verra une fois en bas. C’est parti, marche après marche à bonne allure, sans temps mort. J’utilise la balustrade pour l’équilibre, appui sur les talons et les Hoka font le reste. Quelle bénédiction ces chaussures, je ne ressens quasiment pas l’impact et je dévale les escaliers à un rythme qui me surprend moi même. Je suis concentré à bloc, les yeux rivés sur mes pieds afin de ne pas rater une marche, je distingue du coin de l’œil quelques coureurs qui descendent en crabe, visiblement ils souffrent le martyr. Le doliprane pris à Beaunant doit faire effet car malgré la douleur dans les genoux je garde la cadence et prends même du plaisir.
Au pied de ces quelques centaines de marches, direction le quai de Saône, on croise le panneau 3 Km avant de s’engager sur le pont de la Mulatière. J’envoie un SMS à Théo pour le prévenir de notre arrivée, dans 3 Km… Le pont Pasteur ou l’on croise pas mal de promeneurs, indifférents à notre passage, puis la rive droite avec le panneau des 2 Km. Théo est là, je suis content de le retrouver et puis il y a un peu de fierté à lui montrer, à ce jeune sportif, ce que son vieux père peut encore réaliser. Il fait quelques images et recueille mes premières impressions, malgré la fatigue j’essaye d’y répondre intelligemment. Arthur accélère alors que nous pénétrons dans le parc, pas question de terminer au ralenti. Le plaisir illumine le visage de mes compagnons. Sans avoir besoin de l’exprimer chacun de nous est conscient de la valeur de ces moments. On l’a fait! Mon téléphone n‘arrête pas de bipper, les amis, la famille, tous m’envoient des messages de félicitations. Le panneau du dernier kilomètre! Cela signifie 149 Km de parcourus! Difficile de réaliser dans l’instant, toutes ces émotions me dépassent, c’est vraiment un moment très fort. On double quelques concurrents à la peine, le contraste avec nous 4 est saisissant, l’adrénaline et l’intensité des émotions que l’on ressent nous procurent une telle énergie, qu’on semble voler jusque à la ligne d’arrivée.
L’arrivée
Une longue ligne droite, le panneau des 150 derniers mètres, un virage à gauche et au bout c’est l’arche d’arrivée. 75, 50, 25, 10m, nous finissons main dans la main, il est 13h35, nous avons terminé la 180. Avant de passer la ligne, Biscotte et le père de Jean François nous remettent les maillots de finishers,Théo et l’équipe de Tout le Sport de France 3 sont là !Incroyable ! Franchir la ligne d’arrivée, ensemble, avec le maillot de finisher sur le dos avec la télévision ! Waouh ! C’est magique! Il reste encore quelques mètres pour rejoindre l’arrivée officielle à l’intérieur du Palais des Sports, nous les effectuons, main dans la main et c’est sous l’ovation des quelques 100000 spectateurs (j’exagère juste un peu) que nous pénétrons dans le Palais des Sports. Nous sommes accueilli au micro, comme des vainqueurs, par Michel Sorine, grand maître de la Saintélyon. C’est énorme, je n’aurais jamais imaginé une aussi belle arrivée, là, j’avoue que j’ai un peu la gorge nouée, les yeux humides.
Je n’arrive pas à quitter l’aire d’arrivée, des concurrents de la Saintélyon qui en terminent nous félicitent, certains nous regardent d’un air un peu incrédule. Je finis par me diriger vers un stand ou je récupère le maillot de finisher de la Saintélyon, que je range illico dans mon sac, il a beaucoup de valeur, mais en comparaison avec celui que j’ai sur le dos il n’y pas photo. A propos de photo, on pose pour celle du groupe des « finishers » avec nos amis déjà arrivés. Il est difficile de se séparer, ces moments partagés, autant dans l’effort physique que dans les échanges humains, ont créé un lien qu’il est difficile de briser. Un instant aussi fort que cette arrivée, à l’issue d’une telle aventure restera un souvenir inoubliable. En sortant de l’aire d’arrivée un jeune gars m’interpelle et me demande comment il est possible de réussir une telle « performance » (surtout pour un vieux comme moi, doit il penser)? Pas vraiment prêt pour une analyse à froid, je lui réponds: » Ben, il suffit d’y croire, si on a déjà fait la partie aller, après il suffit d’enchaîner sans trop réfléchir, avec le retour ». Finalement, je délaisse les nouilles chinoises du repas d’après course (je rêvais de quelque chose de plus consistant …) pour retourner saluer mes compagnons avant de rentrer. Cela me fait bizarre de leur dire au revoir, depuis plus de 30 heures nous avons tout partagé et maintenant chacun repart de son côté.
Après un passage au Mac Do (plus en adéquation avec nos envies gustatives) , nous voilà avec Théo de retour sur l’autoroute en direction de Saint Etienne. C’est une autre épreuve qui nous attend, je n’ai pas eu d’envie de dormir durant toute cette nuit, mais cela me tombe dessus et je n’arrive plus à garder les yeux ouverts. Théo est épuisé lui aussi, il n’a pas couru mais il bosse depuis 30h non stop, il va malgré tout nous ramener à bon port. C’est en repassant devant la raffinerie de Feyzin que je prends conscience que depuis notre passage ici, hier matin, j’ai bouclée la 180 et que comme j’y avais songé, j’ai vraiment vécu encore une fois une aventure incroyable.