Ce dimanche avait lieu l’Ekiden du Grand Nancy, nous y avions participé avec un groupe d’amis 2 ans auparavant et si nous n’apprécions pas forcément les efforts courts (entre 5 et 10 km), le fait de courir en équipe change complètement les perspectives.
Stratégie d’équipe
Dans les relais plus classiques, tout le monde a la même distance. Sur l’Ekiden les distances sont différentes : 3 x 5 km, 1 x 7,195 km, 2 x 10 km soit 6 personnes. Il faut donc ajuster le format en tenant compte de l’état de forme et des capacités de chacun pour qu’au global, la performance collective soit la meilleure possible. Il faut également tenir compte du départ où il peut y avoir du traffic à gérer et de l’arrivée car il faudra peut-être sprinter pour grappiller quelques secondes ou quelques places. La dernière fois, j’avais pris le départ et je m’étais faufilé entre les participants pour gagner quelques places. Il y a 2 ans, nous avions réalisé 3h15 pour une équipe d’amateurs qui ne s’entrainent pas en club c’est plutôt une bonne performance surtout quand on voit que la majorité des équipes devant nous étaient issues des clubs d’athlétisme de la région.
La pression monte
j’étais en charge du dernier relais avec une distance de 7,195 km (je remercie la reine d’Angleterre d’avoir rajouté quelques mètres en plus : relire l’histoire du marathon).
A chaque relais, mes partenaires faisaient mieux que l’an dernier et l’avance par rapport au record de l’an dernier grandissait jusqu’au moment de prendre mon tour, j’avais une avance confortable. Après un rapide calcul, je me dis que même si je ne suis pas trop en forme, nous devrions battre notre record mais j’ai envie de faire de mon mieux et il va falloir faire avec un vent qui souffle fort.
Stratégie contre le vent
Tout le monde m’a prévenu le vent est fort sur les 2 premiers kilomètres du parcours. Un bon coureur part juste devant moi, sur les premiers hectomètres je le jauge pour voir son rythme, je devrais pouvoir tenir la cadnace. De toute façon, je n’ai pas le choix, soit je le suis soit je me prend le vent de pleine face (il devait y avoir un bon 30 / 40 km/h par rafale).
Après le virage, je sens le vent de face et je vois que ça va être dur. Je fais donc l’effort pour venir dans la foulée de mon prédécesseur. Au bout d’un moment, je me dis qu’il voudrait peut être que je prenne les devants mais je suis pas en mesure de tenir ce rythme avec le vent de face.
Je tiens un très bon rythme jusqu’au demi-tour, je me relâche légèrement et avec le vent dans le dos le rythme ne change pas. Je continue de dérouler, je suis content de mon rythme. On arrive assez vite près de la ligne d’arrivée mais il reste encore un peu plus de 2 kilomètres à faire… c’est dur de passer la ligne et de se dire que c’est pas fini.
Début du deuxième tour, cette fois-ci c’est une membre d’une des équipes féminines en tête qui se trouve juste devant moi, je retente l’expérience du tour précédent. Je vois qu’elle voudrait que je passe devant, elle fait des zigzag sur la route mais en regardant mon rythme cardiaque je vois que je suis assez proche de 180… inutile de dire que je me vois mal prendre le vent…
Je sens qu’elle ralentit un peu, je décide de passer devant… j’ai largement profité et il reste que quelques hectomètres avant le demi-tour. Je prend le vent et je me dis que j’ai bien fait de m’abriter sinon ça aurait été beaucoup plus dur… Mais le drafting n’est pas interdit c’est de la stratégie.
Je passe le demi-tour et j’ai du mal à me relancer… je perd un peu le rythme. Ma compagne d’efforts repasse devant et prend de la distance. Un autre coureur revient sur nous à vive allure.
On arrive à l’approche du stade où se trouve l’arrivée. Je suis clairement au bord de la rupture… On arrive sur la piste d’athlétisme au milieu de la ligne droite opposée. Elles sont deux devant moi, je vois l’espace avec la corde diminuer. Je décide d’accélérer pour prendre le virage à la corde. Une des filles relancent le sprint… J’étais cramé, je me demandais si je pouvais accélérer et j’ai tout donné une dernière fois… Tout ça par esprit de compétition et aussi pour gagner une place. Je suis passé devant mais au jeu des puces et des temps réels… on a terminé derrière cette équipe dans la même seconde. Un sprint pour rien si ce n’est pour le fun !
Nous nous sommes félicités et je l’ai remercié pour m’avoir abriter du vent. J’ai retrouvé le grand gaillard qui m’avait protégé aussi pendant le premier tour pour le remercier. Une bonne ambiance et un record sur 5 kilomètres pour moi à bientôt 42 ans : il n’est jamais trop tard. Déjà 2 records cette année (avec celui du marathon), cela me fait dire que la préparation hivernale a été bonne.
Au final, on a battu notre record de plus de 5 minutes avec un 3h09m57s (juste en dessous des 3h10 c’est parfait) et surtout on a passé un très bon moment.
Si vous n’avez pas encore tenté de courir un Ekiden, je vous invite (quelque soit votre niveau) à le faire, les distances sont raisonnables pour chacun des coureurs et vous passerez à coup sûr un bon moment !