Souvenez-vous, nous nous sommes quittés au moment où 4 trailers fous (le cinquième, Benjamin, dormait dans une roulotte avec deux coureurs anglais) allaient se coucher dans leur superbe toile de tente (pas chauffée malheureusement).
5 heures du matin : premier réveil ! Et oui, je vous avais dit que la nuit s’était déroulée en deux parties ! Donc, à 5 heures, les alarmes des portables retentissent. Tout le monde dehors car un bon coureur à pied qui se respecte se doit de manger quelques heures avant l’effort. Le départ étant donné à 8h30, la décision fut prise de se réveiller 3 heures et demie avant pour manger les fameux sucres lents.
Je ne résiste pas à publier (j’ai les accords écrits des mes coéquipiers) les photos de la fine équipe (à mince je ne suis pas sur les photos) en train de manger : des pâtes froides pour Mickaël, le gâteau sport pour Johan et du muesli (dans un récipient confectionné avec une bouteille plastique coupée en deux ; même la cuillère est réalisée avec un vrai morceau de plastique) pou Fabrice et moi.
Vingt minutes plus tard, complètement frigorifiés, nous retournons nous coucher. Les deux heures heures qu’il nous reste à dormir seront entrecoupées par les nombreuses sorties nocturnes de Mickaël de la toile de tente (Mickaël, c’est le trailer juste au dessus sur la photo et qui s’amuse avec ses pâtes !).
7h30, les alarmes des portables retentissent de nouveau. L’heure du départ approche. Tout le monde s’habille, chausse ses Ravenous, rempli ses gourdes ou son Camelbak.
8h00, nous sommes au village départ. Nous saluons l’équipe de Columbia, nous dirigeons vers le pointage des dossards et allons, chacun de notre côté, faire un petit échauffement. Le départ sera donné par Dawa Sherpa en personne (il a l’air en forme malgré son 100 bornes de la veille !).
Pas de stratégie de course pour ma part. J’espère simplement prendre du plaisir et finir pas trop détruit. Contrairement à mes coéquipiers je suis novice sur trail : 5 seulement parcourus dont 2 abandons et un terrain de jeu qui n’avait rien à voir avec le Verdon ! Mickaël est venu pour peaufiner sa préparation au prochain marathon du Mont-Blanc, Benjamin (qui a une Courmayeur-Champex-Chamonix à son palmarès) semble très ambitieux, Johan et Fabrice espèrent un bon chrono.
8h30 : c’est parti pour 6 kilomètres de montée ! A peine 3 kilomètres parcourus, je trébuche sur une branche, déchire mon cuissard ; l’avant bras droit est également touché mais sans gravité. Arrivé au sommet les réelles difficultés commencent. Après une portion assez roulante c’est un champ de cailloux qui m’attend où courir s’avère être une épreuve de vigilance de tous les instants. Je ne suis pas du tout à l’aise. Où est mon terrain d’entrainement en sous-bois sur des chemins de terre où les appuis sont stables et contrôlables ? Ici, rien de tout cela. Après quelques kilomètres parcourus Johan me double, accompagné de deux autres coureurs. Je continue, tant bien que mal, à avancer. Un mauvais appui me vaudra une belle frayeur mais ma cheville gauche a résisté !
1h53, c’est le temps qu’il me faudra pour parcourir les 10 premiers kilomètres et arriver au premier ravitaillement. Le Camelbak rempli je repars sur un chemin de sous-bois beaucoup plus roulant. A peine 2 kilomètres plus tard, c’est le dilemme. Je continue tout droit ou je descends la pente raide sur la gauche. Rejoins par une coureuse nous décidons de prendre le chemin sur notre gauche. Après une longue descente assez technique nous devons nous faire à l’idée que nous nous sommes trompés. C’est reparti pour de longues minutes de remontée. Arrivés en haut on apprendra que le chemin a été débalisé. C’est monnaie courante sur cette course.
J’ouvre une parenthèse.
Dans mon précédent post je vous indiquais que l’organisation avait eu de bonnes idées (point de pointage du 100km au milieu de la pasty-party le samedi soir par exemple) mais à ce moment du récit je ne peux m’empêcher de pousser un petit coup de gueule. Pourquoi ne pas avoir posté des personnes aux points stratégiques après le premier ravitaillement ? Cela aurait éviter les nombreuses erreurs de parcours que beaucoup de coureurs ont commises. Et pourquoi ne pas avoir mis un point de pointage au kilomètres 15, point le plus loin du parcours et en plein milieu d’une boucle ? Je ne suis pas certain que tout le monde ait réellement parcouru cette boucle…
Je referme la parenthèse.
Au kilomètre 18 j’entends un cri dernier moi : une concurrente vient de chuter. Je fais immédiatement demi tour. Quelques minutes passées à ses côtés, je l’aide à se relever. Elle repartira sans trop de casse après avoir pris sa petite dose d’Arnica.
Au second ravitaillement je prends le temps de bien boire et de m’alimenter. Quelques coureurs sont furax contre l’organisation ; je ne suis pas le seul à avoir fait un long détour…
C’est reparti sur une portion plus roulante avant une longue remontée vers le 3ème ravitaillement. Une bonne partie du parcours de fera en marchant ; courir est de tout façon impossible. Je m’arrête longuement au « stand photo », discute avec le photographe. « Tu fais partie de l’équipe Columbia » me demande t-il en regardant mes Ravenous ? Il me propose une photo avec le Verdon en toile de fond. L’endroit est superbe. Je repars prudemment car certains passages sont vraiment limites.
Mon Garmin affiche 26 kilomètres lorsque je tombe sur Johan qui est recroquevillé sur le sol. Il se sent très fatigué et a terriblement mal au ventre. Je reste quelques minutes avec lui ; des secouristes sont déjà sur place. L’ascension reprend jusqu’au dernier ravitaillement. Encore de longues minutes passées à bien prendre le temps de boire tranquillement. J’entends soudain à la radio des secouristes : « le concurrent vient de vomir ! ». Pas de doute, c’est Johan !
Le reste du parcours est une longue descente vers Aiguines que je ferais en compagnie d’un petit groupe de coureurs. Passage dans les rues du village avant de franchir la ligne d’arrivée.
Je termine mon premier trail en montagne en 5h18 et me classe 75ème (110 concurrents classés).
Comme je l’écris dans le titre de ce billet : physiquement j’ai tenu mais techniquement j’étais complétement à la ramasse. Sur certains passages je me suis fait très très peur. Courir dans les cailloux je ne sais pas faire. Gérer correctement une descente, je ne sais pas faire. Monter à un bon rythme, même en marchant, je ne sais pas faire. Je me suis fait doubler par de nombreux coureurs ou coureuses qui eux aussi marchaient !
Mais avec du recul, quelle expérience, quel bonheur de « courir » dans ce paysage !
Magnifique week-end où j’ai rencontré des coureurs (Fabrice, Johan, Mickaël et Benjamin) passionnés par le trail et qui, j’en suis sûr, m’ont refilé le virus.
Je souhaite aux membres de la rédaction de Wanarun de vivre ce genre d’aventure et qu’à leur tour ils vous fassent partager ces moments inoubliables.
Le tracé du trail de Verdon (source : Garmin Connect).