Chapitre 2
Je me cale de suite dans la queue du peloton, étant à priori le doyen du groupe je vais déjà essayer de suivre le rythme avant de faire quelque plan ou projet de timing sur cette affaire. Je démarre la Go Pro dont je suis équipée, pour les premières images alors que nous traversons le parc de Gerland. Sensation étrange de courir dans cette grande ville de Lyon, endormie. Quelques rares passants, qui ne semblent même pas surpris de voir ce groupe bigarré affublé de vêtements fluo qui déambule au petit trot dans les rues.
Après avoir traversé le Rhône, puis la Saône, nous voilà au pied des escaliers de la montée du Grapillon. On ne peut pas dire que nous progressons dans l’anonymat malgré l’heure et la nuit qui enveloppe encore la ville des lumières. En effet outre Théo qui a effectué quelques plans au départ, nous sommes suivis par la voiture de P.E.Leonard et de son cadreur (Tout le Sport) et du dénommé «Biscotte» qui se trouve être le bras droit d’Arthur et un des animateurs du Lyon Ultra Run, le grand organisateur de l’épreuve. Après ces premiers kilomètres, je reste sur ma stratégie qui est justement de ne pas en avoir, la seule idée de base étant d’en profiter, de prendre du plaisir, tout en s’économisant au maximum pour le «retour».
Pour l’instant, la cadence orchestré par Taldius (un autre cadre de cette expédition) me convient tout à fait avec un trot tranquille sur le plat et des montées faites en marchant. Le groupe fait l’élastique (ce qui signifie qu’il s’étire et se resserre au gré des passages), Jean François soucieux de garder le groupe homogène fait lui l’ascenseur (pas besoin de vous expliquer) dans le groupe et veille à s’assurer que chacun suit le rythme. On sent chez lui la maitrise de cet exercice et cela me rassure sur le fait que je ne vais pas me retrouver abandonnée en rase campagne dès les premières difficultés.
Arrivé sur les hauteurs de Ste Foy les Lyon, on confirme l’adage qui dit que « C’est beau une ville la nuit » et gâterie supplémentaire on découvre l’aube qui se lève sur la chaîne des Alpes. Waouh! Découvrir ce genre de panorama est déjà une récompense pour avoir fait l’effort de se lever et d’avoir enfilé des baskets de si bonne heure. Je ne souffre pas du petit air frais grâce ma veste et mon collant que m’ont gracieusement fourni le sponsor officiel de la Saintélyon, Lafuma. Je remonte doucement le peloton pour prendre un peu d’avance sur le groupe avant Beaunant, je voudrais pouvoir faire un plan au bas de la descente de l’aqueduc.Mes Hoka me rappellent que dans ces conditions, elles sont sur leur terrain de jeu favori et je dévale cette pente avec plaisir grâce à leur amorti, espérons que ce sera aussi confortable quand il s’agira de la faire en montée… On devrait avoir parcouru 5 Km comme c’est annoncé dans le Road Book officiel, en fait on est plus près des 7. D’avoir atteint ce premier point (qui est le dernier ravito de la Saintélyon) à vraiment lancé la course, on est rentré dans cette 180. Les conversations et autres échanges entres coureurs se multiplient, surtout que le jour commence à se lever. Les positions se mettent en place, des binômes ou petits groupes se forment.
On récupère 2 coureurs qui ont eux aussi décidé de rallier le départ de la Saintélyon en mode course, comme quoi cette folie peut devenir contagieuse. Après quelques hésitations sur le tracé, une rencontre avec une pelleteuse, on atteint les premiers chemins, notamment en traversant le parc de Chaponost. On a quitté la ville, la petite troupe longe un petit lac que le soleil illumine. Ce soleil qui nous réchauffe doucement et qui va désormais nous accompagner sur notre route.et qui nous permet de profiter d’une belle lumière. Après avoir un peu tourné dans Chaponost pour trouver le fléchage du parcours, la troupe parvient au passage du Garon. Photos et petites séquences filmées pour le franchissement de la passerelle. Ensuite c’est la remontée vers Soucieux ou l’on rattrape un groupe de randonneurs. La fierté de démontrer notre statut de coureur entraîne chacun à pousser la cadence, malgré la côte assez rude. Il en va de notre réputation, on ne mélange pas les chiffons et les serviettes.
Jusque là je suis en mode découverte, pas complètement non plus, car j’ai quand même terminé 3 Saintélyon, mais je n’ai pas reconnu cette section du parcours. L’état des chemins ou de la route permet de lever les yeux et de profiter des champs givrés, de la campagne qui s’éveille sous le soleil. A la faveur de regroupements chacun exprime le bonheur et la chance de pouvoir profiter de tels instants et de les partager. Arrivés dans les faubourgs de Soucieux, on découvre les Monts du Lyonnais, qui nous attendent, la journée va être magnifique. il est 9h30, nous avons parcourus 21km, nous voilà dans les rues du village de Soucieu, notre première étape.