Tu es complètement fou! Qui ne l’a jamais entendu de la bouche d’un ami, d’un parent ou d’un collègue de travail? Qui n’a jamais entendu cette remarque alors que vous êtes en train de raconter votre dernière épreuve ou que vous évoquez votre prochain objectif de course? Personne!Pour la majorité de notre entourage, il y a quelque chose de pas très net dans notre comportement et dans cette volonté de vouloir s’attaquer à des épreuves ou visiblement la particularité sera (pour eux) la souffrance. La configuration de l’épreuve, la distance, le dénivelé, sa localisation géographique et en bonus des conditions météo qui vont rendre encore plus pénible les conditions de course restent une incompréhension totale pour la majeure partie des personnes à qui vous essayez de faire partager votre passion. Il est quasi impossible de pouvoir vraiment faire comprendre à ces interlocuteurs que l’on prend du plaisir, justement dans ces conditions extrêmes, que l’on ressent même une jubilation (certes parfois très intériorisée) quand on franchit la ligne d’arrivée après avoir traversé toutes ces difficultés.
Plus fort encore c’est quand vous rencontrez quelqu’un au courant de vos activités et qu’il vous demande: »Alors tu viens de courir la Saintélyon (si c’est en décembre) » Et que vous lui répondez: »Ah non, cette année j’ai fait la 180! » Et devant son air interrogatif vous lui expliquez qu’en fait c’est la LyonSaintélyon enchainée. Là, vous passez du stade de mec un peu allumé qui restait sympathique à ses yeux, à celui du malade mental qui devrait vraiment consulter. Dans le même ordre d’idée quand vous annoncez que le Marathon des Sables c’est un truc sympa, mais que l’ayons déjà bouclé 2 fois, vous voulez un peu plus d’aventure et que vous allez vous lancer sur le Treg. A savoir une distance similaire, mais d’une seule traite et dans le désert de l’Ennedi au Tchad qui est comparativement, question désert à ce que vous trouvez au Maroc, le Mont Blanc par rapport au Mont Pilat, question montagne, il va forcément y avoir un moment de flottement dans la conversation. Et le regard qu’on va vous porter va hésiter entre le: » il va peut être falloir qu’on intervienne » ou le: » dommage, c’était quelqu’un d’intéressant dans sa démarche sportive, mais là il a basculé du mauvais côté »!
Ceci étant, reste à savoir comment on l’appréhende soi même, ce qui finalement reste le plus important même si le regard des autres reste un élément important dans notre pratique de la course à pied. Soit on s’interroge sur les raisons et les fondements de ce qui nous pousse à cette quête du toujours plus (distance, conditions extrêmes, aventure, découverte, rencontres) en se demandant si tout cela à un sens et quel en est la finalité? Soit on se dit qu’ on y prend du plaisir et que c’est bien là l’essentiel, auquel cas reste juste à assumer à la fois le regard et l’opinion (pas toujours exprimée d’ailleurs) des autres. A accepter ce statut particulier que l’on nous attribue, qui est du à notre passion, notre envie de découverte, notre curiosité pour savoir ce que nous allons trouver dans ces défis. Bref à pouvoir se dire: »Oui je suis fou, mais j’aime ça ».
Sinon dans l’actualité, la première étape de ma préparation à l’UTMB, le trail du Ventoux. Cela c’est bien passé: finisher en 6h49′ pour un parcours de 40 Km qui ne passait plus par le sommet du « Mont Chauve » mais qui restait très difficile en mêlant à la fois les joies d’un trail blanc avec la technicité d’une course dans le massif du Caroux, cher à Antoine Guillon avec un dénivelé positif (et négatif de fait) de plus de 2000m. Rien de bien flamboyant dans ma performance, mais beaucoup de plaisir à courir sur les pentes du « Géant de Provence », la satisfaction de l’avoir effectuée sans souffrance et d’avoir eu une récupération rapide.
Ultra salutations
« Faire les choses avec le sérieux d’un enfant qui joue » (JL.Aubert)