Comme cela à la base, il n’y avait pourtant rien qui pouvait faire penser que cette sortie serait significative. Un ciel bas, une température plutôt fraiche, mon chien qui insistait pour m’accompagner et donc plus question de rythme ou de travail un peu spécifique, pas vraiment de chaussures à utiliser, une sortie longue de reprise après une course le week end dernier, bref ça sentait plutôt la loose…
Histoire de motiver les troupes, j’enfilais mon corsaire Skins reçu la veille. Bon, pas vraiment un scoop car il n’était là que pour remplacer l’ancien, que j’avais du me résigner à jeter au vu de son état d’usure. Et puis désireux d’oublier les Salomon Crossmax, qui m’avait rappelée toute la semaine après les 23 bornes du Défi Vellave (CR à venir) que leur amorti et leur confort restait encore à améliorer, je chaussais mes vieilles Hoka Mafate, qui attendaient tranquillement dans un coin que je me souvienne que niveau pantoufle, beaucoup pouvait encore s’accrocher.
Les premières foulées dans la rue me confirmaient que j’avais bien fait de choisir ces chaussures un peu pataude, même si mon chien, encore plein de tonicité à ce moment là, essayait de nous mettre en surrégime. Ceci étant, arrivé au début du sentier et de la côte, les impressions étaient déjà sympathiques, une foulée plutôt dynamique et une aisance plutôt agréable. Au bout de 30 mn de course, mes repères et mes antécédents chronométriques me confirmaient que j’étais dans un jour avec et cela pourtant en trainant ce qui était depuis devenu mon boulet (le chien) et un environnement météorologique pas vraiment réjouissant.
C’est un peu plus loin au bout d’une petite heure que vraiment j’ai ressenti quelque chose de différent. Du bas en haut, avec d’abord les Hoka qui envoyaient un dynamisme incroyable, puis de la puissance dans les cuisses et enfin avec la voie de Mory Kanté à fond dans les oreilles. J’ai avalé une grimpette que d’ordinaire je passe au ralenti, voir en marchant, avec un sentiment de facilité et de bien être. J’ai ressenti le fluide de l’énergie envahir l’ensemble de mon corps. La sensation du juste équilibre entre le geste et l’effort qui permet d’obtenir cette efficacité maximum dans le mouvement de la course. L’impression de rejoindre enfin cet univers incertain et immatériel dans lequel chaque élément corporel et mental est en symbiose et fonctionne parfaitement.
On court tous (enfin moi) pour vivre et revivre ce type d’émotion, d’instant ou l’effort physique se retrouve en harmonie avec l’émotionnel. L’idéal serait de pouvoir le mémoriser et de conserver la recette de ce mélange de sensations et d’ingrédients. De pouvoir les stocker afin de les réutiliser dans les moments difficiles, comme on utilise une formule chimique ou que l’on prend une potion revitalisante. Mais c’est sans doute au delà des possibilités de notre petite condition d’être humain. Finalement contentons nous, comme en amour, de profiter quand cela nous tombe dessus.
C’était un moment magique, it was time to run!!