Les bourrasques de neige qui m’ont cueillie, mon biclou et moi, au sortir de mon immeuble, ont bien planté le décor. Glacial ! Le décor peut-être mais pas l’ambiance ! Parce qu’en dépit des bourrasques, sur le chemin j’ai déjà avisé un coreligionnaire immédiatement repéré grâce à deux runnings en mesh que surmontaient un léger pantalon collant qui n’étaient, mais pas du tout, de saison pour pédaler sous la neige. De papotages en papotages nous voilà arrivés devant un stade où un charmant jeune homme nous oriente illico dans la bonne direction. Dossard, consigne, tout roule au petit poil. Une queue devant les toilettes des femmes qui ne serpentent pas sur 200 mètres… c’est déjà bien ! (note pour plus tard : faire un billet sur le nombre de toilettes réservées aux femmes dans les épreuves de courses à pied !).
Une fois dans la rue à quelques encablures du départ, mon garmin synchronise, je pousse in petto un grand ouf de soulagement ! (j’ai couru ma dernière course dans Paris sans qu’il ne parvienne à capter le moindre signal…).
Une brève reconnaissance du terrain me confirme ce que je craignais, oui les Buttes Chaumont ça monte et ça descend (ce qui n’est un secret pour personne), non, je ne sais pas si mes mizuno contrôlent correctement les dérapages sur glace… Deux accélérations plus loin, je le sais dorénavant parfaitement bien : moi et mes pompes on est nulles en patinage !
A ce moment-là j’ai hésité entre le rire (parce que c’est quand même vachement drôle de faire des glissades, même à 43 ans !) et la raison (« et si tu cassais un coude hein ? tu peux l’oublier « ton » marathon de Paris « !). En réalité, il était bien évident que puisque j’étais là je n’allais pas tourner les talons et j’ai sagement pris ma place dans cette patiente assemblée de coureurs dont certains se donnaient sagement la main quand d’autres s’embrassaient à pleine bouche (bah oui… la course de la Saint Valentin, c’est surtout une course de couple !).
Je vais vous épargner la pénible énumération des idées qui me sont venues durant cette épreuve (me foutre des claques d’avoir mis mes mizuno au lieu de chausser mes vieilles — mais soudain précieuses— chaussures de trail oubliées au fin fond d’un placard, me demander comment font ces jambes poilues pour cavaler DEUX FOIS plus vite que moi sans jouer au culbuto…) pour remercier tous les bénévoles du parcours (et notamment celle au sifflet, elle se reconnaîtra) de rester planter dans le froid pour nous indiquer avec force signes et force sourires de faire attention à telle ou telle plaque de verglas ! Une pensée aussi pour le gentil couple dont le jeune et fringuant monsieur a saisi la main de sa belle 50 mètres avant l’arrivée du 6,5 km pour littéralement la faire voler jusqu’à la ligne à une vitesse qui — à mon sens — n’a rien à envier à celle d’un Concorde !
J’ai fini en 51’26 (à mon chrono), c’est à dire un temps tout à fait affreux dont j’étais très raisonnablement contente… Encore un thé brûlant, des gens charmants qui m’ont rendu mon baluchon, beaucoup de sourires et de gentillesse et je suis rentrée chez moi très contente…
Là, j’ai fait la connaissance d’un joli torticolis (cela m’apprendra à scruter les jolies paillettes de glace qui ornent les chemins de nos parcs parisiens…) et eu la surprise de découvrir que j’étais 3ème des V1 par la grâce d’un temps de cochon qui en a chassé maintes concurrentes !
Une super course dont je dois remercier les organisateurs ! Quand on participe aux épreuves en solitaire comme c’est le cas de 95 % des courses auxquelles je participe on découvre vite que l’ambiance est quelque chose de précieux… Alors oui, merci aux organisateurs et à leur gentillesse.