Hier était l’un de ces petits jours habituels, comme il y en a 365 et de poussières par an, pour l’humanité mais un grand jour pour moi : j’ai été déplâtré de ma fracture de fatigue du second métatarse du pied droit et miracle de la technique … je suis guéri ! Maintenant commence la course contre la montre qui doit m’emmener au Marathon de Paris, sur quelle base, c’est encore le mystère.
Il y a quelques temps, sur ce même site, je tentais d’analyser les raisons possibles de cette blessure (cliquer ici) en l’imputant tout ou partie à mon usage immodéré des chaussures minimalistes. Aujourd’hui et après 3 mois sans courir pour une simple fracture du pied, j »aimerais revenir sur la chronologie des événements afin d’ en tirer un, petit, retour d’expérience à faire partager et mettre en exergie quelques erreurs à éviter.
1e erreur – s’entraîner malgré la douleur : j’ai commencé à avoir mal au pied le 8 octobre une bonne heure avant mon entraînement en club du vendredi soir. Douleur qui se manifestait à chaque pose du pied sur le sol. Malgré cela et parce que j’avais un marathon une semaine plus tard, je suis allé rejoindre mes petits camarades, qui plus est en voiture et en ville donc avec une forte sollicitation du pied droit et une douleur qui n’a cessé d’empirer. Et ce qui devait arriver est arrivé. Au bout de 3 minutes d’entraînement, le pied qui s’affaisse et la douleur qui devient intenable. Je ne dis pas que le pied n’était pas cassé avant l’entraînement puisque j’avais déjà un peu mal mais même s’il ne l’était qu’à moitié, il eut sans doute été préférable de rester sagement chez moi et d’attendre de voir si la douleur s’estompait ou pas. D’autant qu’une semaine avant un marathon, ma préparation spécifique était terminée et que j’aurais pu me passer de cet entraînement. Première leçon : écouter son corps et ne pas forcer sur une douleur.
2e erreur – attendre avant de consulter : toujours dans l’idée de ce marathon à disputer, je me suis dit que c’était peut-être une douleur passagère et que, bon, en attendant quelques jours … Non ! Une douleur doit toujours être prise au sérieux surtout lorsque son origine ou sa nature ne sont pas « classiques ». Je m’explique : je suis capable d’identifier une tendinite du tendon d’Achille par exemple. Je « sais ce que sait » et peut me permettre de la « gérer ». Par contre, un pied qui donne la sensation de s’affaisser et une douleur intense ne sont pas « classiques » et nécessitent une investigation rapide par un membre du corps médical.
3e erreur – l’auto-diagnostic et l’ostéo : toujours la pression du marathon qui se précise. Il reste moins d’une semaine. Le week-end est passé, l’intensité de la douleur a diminué mais j’ai toujours mal. Un petit coup d’ostéo ne devrait pas faire de tort non ? Très mauvaise mais alors très mauvaise idée ! La manipulation du pied qui s’en suit ne fait qu’empirer le mal.
4e erreur – le choix du médecin : voilà un point délicat. La mort dans l’âme en constatant que décidément, je ne pourrais pas courir 42,195 km le 17 octobre, je finis par aller consulter mon généraliste de base. Traitement classique : anti-douleur (Voltarène) par voies orale et locale (gel), ordonnance pour une radio du pied à faire « après une semaine de traitement ». Les anti-douleurs calment effectivement la douleur mais elle est toujours là, insidieuse, qui guette et attend son heure. Le pire est à venir : l’interprétation de la radio de la semaine suivante « Il n’y a rien ». Ordonnance : ne pas abuser du sport. Je n’abuse donc pas pendant 2-3 semaines et me contente de quelques footings tranquille en famille et de la marche à pied. La spécialiste que j’ai fini par aller voir fin décembre, à la vue de la radio, me dira « regardez, on voit bien qu’il y a une fracture … ». No comment.
Comment convaincre son médecin de faire faire le bon examen ? déficit de la Sécu oblige, les médecins ont des consignes pour limiter les investigations coûteuses. Après un mois sans signe de guérison et une recherche sur le web d’expériences équivalentes à la mienne, je retourne voir mon médecin pour qu’elle me prescrive une IRM. Mes argument font mouche et j’ai droit à mon IRM et à ses deux semaines d’attente pour l’obtention du rendez-vous.
4e erreur bis – le choix du médecin : la fracture apparaît clairement sur l’IRM. Retour donc chez mon généraliste qui me dit que comme il n’y a pas de déplacement de l’os, ce type de fracture se guérit tout seul en évitant de faire trop de chose avec son pied. OK, pas de souci, j’arrête de courir, me contente d’aller à la muscu et faire un peu de vélo – ça c’est pour le côté physique. Côté boulot, je limite mes déplacements mais n’en continue pas moins à aller au boulot en voiture avec le pied droit toujours aussi sollicité. Avec tout cela, on se retrouve mi-décembre et une douleur toujours présente. C’est le moment où je me dis que si je veux disputer le marathon de Paris, il va falloir que je fasse quelque chose et j’exige alors de mon médecin de pouvoir aller voir un spécialiste, en l’occurrence une orthopédiste qui, voyant juste la radio (faite quasiment 2 mois avant) me dit : « Il faut plâtrer ! Il n’y a rien d’autre à faire ! ». Et voilà … aujourd’hui c’est le déplâtrage.
Bilan des courses : 2 mois perdus en tergiversations …
En conclusion, de cette tranche, pas passionnante de ma vie, j’ai quand même tiré quelques leçons dont je tiendrai compte à l’avenir :
1) Ne jamais négliger l’importance d’une douleur
2) Ne pas s’entraîner avec une douleur
3) Aller consulter immédiatement lorsque la douleur est intenable ou n’est pas « classique »
4) Choisir le bon médecin, donc si possible un spécialiste des pathologies du sport, ou (je vous laisse juge de la pertinence de cette idée) consulter le web, ses amis, se faire une idée et demander au généraliste tout de suite l’examen qui semble le plus approprié à mettre un nom sur la tête de la pathologie.
J’espère maintenant que dans 3 mois je ne reviendrai pas vers vous avec un « comment j’ai râté mon retour à la compétition, les 5 erreurs à ne pas commettre »