Anne-Lise Rousset / Adrien Séguret. Ces deux-là étaient sans doute faits pour se rencontrer, un jour ou l’autre. Et faits pour s’entendre, s’aimer. Les questions croisées que le magazine leur a posées ont amené des réponses quasiment identiques. Ainsi, leur passion commune, celle qui peut les définir, qui peut expliquer leurs parcours respectifs, tient en un mot, qu’ils ont prononcé dans un même élan : «nature ». Celle qui les a tout…naturellement conduit vers le trail. Un monde où ils sont même devenus les ambassadeurs d’i-run…
Adrien explique que : « Dans le Trail, ce qui m’a toujours attiré est la Nature, autant que le sport en tant que tel. C’est aussi l’endroit où je veux me retrouver en permanence, où je suis bien. Il me serait impossible de vivre en ville (j’habite un des coins les plus pommé de l’Aveyron, mais si beau et si tranquille…). Et dans la vie, je ne joue pas de rôle, je suis totalement « nature », je ne cache rien, je déteste l’hypocrisie.»
Anne-Lise concède qu’elle est un peu « sauvage » et se retrouve totalement dans une immersion où elle peut « profiter du calme et de la beauté des paysages. Je suis un peu timide, je n’aime pas la foule et la vie citadine. Dès que je peux, je pars courir dans la pampa, en quête des jolis coins de nature un peu perdus ! »
Cette osmose les a donc emmené vers une carrière de traileurs qu’ils ne visaient peutêtre pas au départ. Et qui les conduit à rester humbles en toutes circonstances. Adrien estime qu’il n’a « pas un gros niveau » et « profite de faire ce qui me plaît », sans faire de plan de…carrière.
Un mot qu’Anne-Lise rejette. « Je ne peux pas parler de «carrière»… « Le trail, c’est ma passion, rien de professionnel. Je n’ai pas un gros niveau, je me fais plaisir, c’est tout ce qui compte. C’est certain, jamais je n’aurais imaginé courir autant et me retrouver sur de si belles courses, au plateau si relevé, comme la Transvulcania ! Je débute, je découvre ce monde qui se révèle magique à chaque fois ! Jamais, je n’aurais pensé vivre de telles courses ! »
Des discours qui ne veulent pourtant pas dire qu’ils sont des touristes de la course. Si Anne-Lise estime que le trail « doit rester un plaisir », il ne peut se conjuguer qu’avec une bonne dose d’exigence. « Certes, je m’entraîne de manière assidue et ne me ménage pas du tout à l’entraînement mais dans le seul but de pouvoir me régaler en course. Certains entraînements sont plus rudes que d’autres mais même au quotidien, j’ai besoin de me défouler (même si je suis épuisée après une nuit de garde difficile) et d’être à fond ! Quant à la compétition, j’ai un mental de compétitrice de mouette ! Je vais au bout de moi même mais jamais je ne lutte contre quelqu’un. Sincèrement, je n’ai aucun sens de la compétition. Par contre, je suis capable d’aller au bout de mes forces pour me dépasser. »
Adrien atteint lui aussi ce degré de volonté qui permet les progrès. « Oui, je suis très exigeant avec moi-même, je suis un éternel insatisfait, je veux toujours mieux faire. Mais je pense que c’est aussi la clé pour essayer de s’améliorer continuellement. » Et il ne se passe quasiment rien… « Rien n’est jamais parfait, et tout se joue à des détails, donc je cherche toujours à les améliorer, mais si cela ne touche pas au plaisir. Le domaine le plus dur pour moi sur lequel être impitoyable est l’alimentation… Je suis trop gourmand. Je ne mange que des bonnes choses, mais j’adore tout et pas toujours en petite quantité. C’est un de mes plaisirs quotidiens que je ne veux pas trop toucher. » On lui passera cette petite « faiblesse » extra-sportive. D’autant qu’il avoue bien volontiers que, une fois en compétition, « mon point faible est de vouloir trop faire la course avec les autres et non de ne penser qu’à ma gestion de course et gérer mon rythme».
A côté de ça, le point fort reste «les descentes techniques ». Il sourit quand il concède qu’il a « de la chance de n’avoir jamais branché le cerveau… » Et revient à son pêché mignon grâce à cette absence de pression… «Par exemple, lors du repas d’avant course, je mange très bien, le stress ne m’a jamais bloqué dans cette performance.»
Si elle met de côté les gourmandises, Anne-Lise évoque, parmi ses points forts, certains aspects techniques, comme «les portions de relance» où elle «adore allonger les foulées, dérouler au maximum». Elle ne cache pas ses points faibles qui sont « les côtes raides, parce que, avec mes quadriceps sous développés, je manque de puissance dans les montées.»
Comme Adrien, elle parvient à déconnecter certains neurones pour aborder les descentes, durant lesquelles, «en principe, je ne réfléchis pas trop non plus… »
De la réflexion, il y en a pourtant pendant les sorties longues. Adrien n’hésite pas à évoquer celle qui occupe ses pensées. «Je pense à plein de choses…Et la plupart du temps à Anne- Lise qui est souvent en course en même temps que moi, j’imagine à chaque fois comment elle va passer tel ou tel passage. Mais je prends aussi pas mal de temps pour regarder les paysages.»
Moins démonstratives, Anne-Lise protège ce jardin qu’elle voudrait peut-être secret… «A quoi je pense ? Ah ah, personne ne lira dans mes pensées… C’est mon côté «sauvage ! Je ne sais pas trop, je profite, justement, parce que courir permet de ne plus penser aux soucis du
quotidiens, de se vider le cerveau !»
Vétérinaire rurale depuis quelques mois, Anne-Lise arpente la campagne entre Cantal et Aveyron. Ce qui occasionne quelques difficultés quand il s’agit de gérer l’entraînement, les compétitions et la vie de famille… C’est le plus difficile dans tut ce que je fais ! Mes contraintes professionnelles sont lourdes mais j’adore mon métier ! Du coup, je ne veux rien délaisser ! C’est très dur de tout concilier puisque je débute dans mon boulot et que j’ai de si belles opportunités en trail. Aujourd’hui, il m’est impossible de privilégier l’un de l’autre, c’est pourquoi je fonce ! Mais, il est certain que je devrais lever le pied tôt ou tard. Pour l’instant, je profite, un peu à 100 km/h mais, qu’importe ! J’ai l’immense chance de pouvoir partager ma passion avec mon copain. Du coup, nous partageons nos entraînements, nos compétitions et surtout notre passion, notre rythme de vie! C’est génial !»
Moins chargé dans ses contraintes professionnelles, Adrien parvient à s’organiser plus facilement. «Grâce à la souplesse de mon travail, j’arrive à m’entraîner quasiment tous les jours en journée. J’arrive à garder de bons moments à passer avec mon fils, Robin, et j’ai la chance de pouvoir partager le même sport et le même niveau avec ma copine. Ce qui permet de nous entraîner souvent ensemble.»
Il existe une vraie osmose entre eux deux. Quand on interroge Adrien sur son héros de la vie réelle ou fictive, il cite instantanément «Anne-Lise Rousset». La réponse de celle-ci rebondit sur toutes les parois de la vie, comme une balle de squash : «Adrien !» Comme
une évidence.
Une autre évidence qui les rassemble, même si elle semble moins évidente au premier abord, se situe au ras du sol. Anne-Lise est une spécialiste des… trèfles à quatre feuilles ! «Je ne sais pas pourquoi mais j’en trouve tout plein. Je ne suis pas superstitieuse mais je m’amuse à les ramasser ! » Et elle les donne à Adrien. « Je ne suis pas superstitieux parce que, même si Anne-Lise me trouve toujours des trèfles à quatre feuilles, je n’en ai pas encore vu l’effet sur mes performances… »
Une sagesse qui trouve son prolongement dans la devise d’Adrien qui répète : «Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer.» Tandis qu’Anne-Lise peut-être davantage ancrée dans une vie plus «terrienne» pense que «la devise «quand on veut, on peut» est une réalité. Je rajouterais qu’il faut souvent faire bien des efforts, se jeter à l’eau et parfois foncer sans trop se poser de questions mais rien n’est impossible si on s’en donne vraiment les moyens.»