Tout commence un jour du mois de décembre, une amie m’annonce qu’elle s’est inscrit au marathon de Paris, cela sera son premier marathon. Tout de suite, je lui dis que je m’inscris et que je l’accompagnerai. Au final, nous serons 4 à participer à cette aventure imprévue.
Après un mois de novembre compliqué à cause d’une sinusite, je dois me relancer juste après ma participation difficile au 22km de la Saintélyon. Comme la plupart du temps je n’ai pas de plan d’entrainement, j’adapte mes entrainements en fonction de mon emploi du temps : travail, famille, judo,… J’ai fait très peu de séances de fractionnés, j’ai plutôt fait des séances au seuil et des sorties longues mais aussi du vélo voire même du ski de fond.
Je n’avais pas vraiment envie de me fixer un objectif précis. Je me suis donc entrainé en fonction de mes sensations, de mes envies et surtout de ma fatigue. J’ai eu la chance de ne pas me blesser au cours des derniers mois et j’ai bouclé un mois de mars avec plus de 200 km au compteur.
A la veille du jour J, j’ai hâte d’y être mais je ne sais toujours pas si je vais me lancer à corps perdu vers un record ou si je vais profiter de Paris avec une longue promenade entre amis.
La nuit se passe bien, nous sommes tous dans le SAS 4h15 pour prendre le départ ensemble. Un avantage car nous partons à partir de 10h et cela tombe bien car les températures sont fraîches à 8h du matin. Après de nombreuses hésitations sur la météo, je décide de courir en short et en tee-shirt.
Les contrôles d’accès à la zone d’arrivée pour déposer les consignes et ensuite aux sas de départ sont toujours aussi compliqués… il n’y a eu aucune amélioration depuis 2 ans… On est très loin de l’organisation du départ à New-york… Même si il y a clairement un mieux au niveau des toilettes dans les sas.
Ensuite tout s’est enchainé, je sentais que mes jambes étaient là. D’après mes données Garmin, j’avais un pic de forme (le premier depuis plusieurs mois), la température était un peu fraiche mais presque idéale pour courir un marathon. Je me souviens de la souffrance sous la chaleur il y a 2 ans et je me dis que si je dois battre mon record c’est aujourd’hui ou jamais. Tout me semble réuni : la forme, l’envie, les conditions,…
En partant dans le sas 4h15, je vais devoir doubler et dépasser, je ne regarde pas le chronomètre, je pars aux sensations. Je regarde de temps en temps la montre pour voir où je me situe mais je ne fais pas de plan sur la comète.
J’essaye de profiter un peu de Paris, le passage par la place Vendôme et l’opéra offre un plus indéniable en ajoutant des monuments parisiens au parcours mais aussi en diminuant le passage dans le bois de Boulogne.
Les kilomètres défilent et je me sens vraiment bien, après un passage au semi-marathon en 1h53, je me prends à rêver à ce record et pourquoi pas un passage sous les 4 heures mais je sais que la fin sera dure.
Jusqu’au 34ème kilomètre, je suis au alentour de 5’20″/ km (si on omet les petits arrêts et ralentissements pour bien gérer les ravitaillements).
Ma tête commence à faire des calculs : quelle marge me reste t’il ? Quelle allure dois-je avoir jusqu’à la fin pour finir sous les 4 heures ?
Puis vient la montée de la porte d’Auteil, il y a de nombreux coureurs qui marchent, je commence à serrer les dents… Cette montée n’est pas insurmontable mais elle n’arrive pas vraiment au bon moment. Juste après la montée, il y a un ravitaillement, je prend le temps de bien m’alimenter ça sera le dernier maintenant c’est le cerveau qui prend le dessus.
Plus j’avance, plus j’ai l’impression que le sub4 devient de plus en plus inaccessible et pourtant je reste au dessous des 6’00″/km.
Depuis le début et comme je suis parti dans le sas 4h15, je double beaucoup de monde, c’est plutôt motivant même si il faut parfois être vigilant pour dépasser les autres coureurs.
38, 39, 40,… je vois que je ralentis, le sub4 semble jouable mais je vois bien que la marge se réduit beaucoup plus vite que je ne l’avais construit… j’ai peur d’échouer de quelques secondes, je ne sais pas si j’ai démarré le chrono en passant la ligne… il reste quelques inconnues qui me font douter mais cela doit être encore jouable. En voyant la pancarte des 500 derniers mètres, je me fais peur et je décide de tout donner… 350 mètres… cela me parait court… puis 200 mètres… cela défile vite, cela me rassure…
Je passe la ligne d’arrivée, mon chrono s’arrête à 3h59m14s… l’émotion monte d’un coup : fatigue, l’objectif de passer sous les 4h que je n’avais pas osé imaginer… je reçois la confirmation de mon temps : 3h59m10s
Je récupère ma médaille auprès d‘Anne que je connais depuis quelques années maintenant et que j’ai accompagné pour battre son record le mois dernier à Tokyo. Je retrouve les copains, pas de blessures et tout le monde a fini. Ce premier objectif de l’année est une belle surprise et une journée presque parfaite. Cela m’a redonné goût au marathon et je suis content d’avoir gardé un bon rythme jusqu’au 35ème kilomètre…
Comme je l’avais annoncé, j’ai couru avec les nouvelles Asics Metaride et je bats mon record personnel de presque 7 minutes (établi il y a un peu plus de 3 ans à Metz). Quel est la part de mes chaussures dans ce record, je ne sais pas mais je peux vous assurer que mes pieds sans dans un état irréprochable : aucune douleur, aucun frottement, aucune ampoule, pas de dégâts sur les ongles,… j’ai également utilisé les chaussettes marathon zero de la nouvelle marque UYN.
Depuis ma participation au marathon du mont-blanc l’an dernier, j’ai été convaincu par le short S Lab de Salomon sur les longues distances : Aucun frottement, aucune rougeur, aucune marque de serrage,… comme si j’avais fait un footing de 5 kilomètres.
Pour le tee-shirt, j’avais opté pour un tee-shirt Asics Seamless qui a su évacuer la transpiration et je me suis senti au sec durant toute la course.
J’avais pris le partie de porter toute ma nutrition avec une ceinture Sensibelt de Salomon en mettant les gels dans une poche en plastique à la place de la gourde et en gardant mon téléphone sur moi dans la poche qui ferme. J’ai consommé des Gels Gu Roctane et j’ai complété avec les nouveaux plus liquides de la marque : Liquid Energy. J’ai donc juste pris de l’eau sur les ravitaillements.
Depuis que je suis très vigilant avec ma nutrition, je n’ai pas eu les coups de pompe que je pouvais subir avant.
Je suis arrivé sans objectif précis, juste prendre part à une aventure entre amis pour passer un bon moment et prendre du plaisir en courant à Paris. Je me suis laissé aller à mes sensations, j’ai remonté progressivement les coureurs car je partais dans un sas en dessous de mon niveau.
Le record s’est construit au fil des kilomètres sans trop y croire car je sais que les derniers kilomètres peuvent tout faire plonger. C’est finalement au mental que je parcours les derniers kilomètres
Après le drame qui a frappé Paris en ce 15 avril 2019, j’essaye de me remémorer mon passage sur les quais au pied de Notre-Dame mais je ne l’ai pas regardé… J’ai un souvenir précis de tous les bâtiments mais étonnamment pas de cette cathédrale…
Il ne fait aucun doute que si la médaille 2019 a fait polémique, je pense qu’il serait légitime de faire apparaitre Notre-Dame de Paris sur la médaille 2020.