Avant de passer la plume à Cédric puisque c’est lui qui a écrit ce texte. Je voulais publier ce texte car c’est l’histoire de Cédric mais c’est aussi l’histoire de beaucoup d’entre nous : Des amis, un défi, une envie et le virus qui passe sans jamais faire de mal…
Outre la course elle-même sur laquelle je reviendrais par la suite, c’est plutôt le contexte et la phase précédent l’évènement qu’il me tient à cœur de décrire :
Il y a quelques mois, mi-septembre 2013, je « peinais » à faire une course de 7km (34min04s) et me refusais de faire les 14km. Mais à ce moment-là, un petit virus a décidé d’investir mon corps : celui de la course a pied. Les relations amicales aidant je me suis donc décidé à m’investir dans cette activité ;-)) et donc d’établir de nouveaux objectifs associé à un renouvellement de l’équipement !
C’est après un EKIDEN de Cahors le 14 décembre 2013 où je couru à peine un peu plus de 7km que j’acceptais et me décidais de faire un semi-marathon le 2 mars 2014 accompagné de nos 2 amis coureurs habitués de ce genre de rendez-vous. Quelle belle folie !! Mais folie maîtrisée sachant qu’un programme d’entrainement avait été finement concocté et gracieusement partagé par notre ami Pierre kenyan.
L’objectif temps est clairement annoncé: 1h45min.
Objectif en tête : les vacances de Noël me permettent de multiplier les entrainements et d’atteindre laborieusement la distance au chiffre rond : 10 km (52min en moyenne). Le semi-marathon est dans 3 mois… le doute s’installe…
2ème semaine de janvier, je commence donc avec impatience le programme d’entrainement qui est mon seul moyen de réussir (ou de ne pas faillir) sachant que je pars de zéro ou presque.
Le programme est basé sur 8 semaines avec 3 séances par semaine dont la 3ème est la sortie « longue » car placée judicieusement le week-end. La huitième semaine étant celle de l’Evènement (avec un grand « E »). Je découvre alors les différentes formes de fractionnés, les pyramides (quel présage ! sachant que le semi-marathon de La Grande Motte est nommé « Les Pyramides ») et les sorties dépassant l’heure de course…
Je m’accroche et suis le planning au pied de la lettre. Entre temps, une course de 10km (non prévue dans le programme) est effectuée et je constate à l’arrivée que j’ai nettement amélioré mon temps (48min16s). Même si c’est un temps très moyen, les progrès sont là, indiscutables, et cela fait du bien au moral !
Le programme se poursuit donc malgré les jours de pluie, le vent et les flaques boueuses qui salissent mes nouvelles chaussures.
Arrive la semaine de LA course, je suis partagé entre doute et confiance ; ma dernière séance d’entrainement se déroule le vendredi 28 février 2014 entre deux nuages de grêles et de pluie mais avec beaucoup de vent. J’ai les jambes coupées et n’arrive pas à faire correctement (ou comme je l’aurais souhaitée) la séance. Suis-je réellement fatigué ou est-ce le stress qui m’envahit ? en tout cas le moral retombe…
Nous sommes à l’avant-veille de la course. Nous partons à 4 à La Grande Motte et avec les runners suivants : Carine ( sur 10km) et 3 semi-marathoniens (Anouk, Pierre kenyan et moi-même Cédric). A noter que Pierre s’est aussi dévoué à être meneur d’allure perso d’Anouk pour cette course avec le même objectif 1h45min donc il sera aussi mon point de repère.
Le samedi matin, veille du semi, direction le palais des congrès pour le retrait des dossards. Il fait beau, le moral est présent. Le parcours a été sommairement reconnu, sans difficulté particulière. Seule appréhension : le vent !! Nous n’avons jamais autant utilisé nos applications météo sur nos smartphones que ce samedi-là .
Samedi soir, séance collective d’étirement, les dossards sont accrochés, chaque détail est soigneusement préparé par chacun. Le diner a base de pâtes et viande blanche évidemment. Restons sérieux, nous sommes si près du but !
Dimanche matin, le temps est idéal : il fait beau, il y a beaucoup moins de vent que la veille, il ne reste donc qu’à profiter et prendre du plaisir après tous ces efforts consentis depuis quelques mois dont ce rendez-vous n’est que l’aboutissement.
10h30, le start est donné, me voici au milieu de 2400 coureurs en train de piétiner… puis la ligne de départ est franchie, la course peut commencer. Dans toute cette foule, je tente de frayer mon chemin mais commence très vite à perdre de vue Anouk et Pierre qui me semblent aller plus vite que les 5min/km prévus. Pas de problème, je vis ma course seul « isolé » par mes écouteurs et me dis que je me retrouverai à leur hauteur à un moment donné sur le parcours car nous avons le même objectif.
Premier ravitaillement aux 5km, il y a trop de monde et je ne veux pas perdre de temps donc je ne ralentis pas malgré une légère soif. Je ne vois toujours pas mes 2 camarades… Je maintiens mon rythme de course et commence à augmenter la foulée car je me sens bien mais j’ai soif. Il me tarde d’arriver aux 10km. Au 9ème km, j’aperçois Anouk et Pierre, cela me rassure. Je commence à grignoter un morceau de sucre et le verre d’eau du ravito du 10km complètera mon « alimentation ». Je rejoins et double mes associés vers le 11ème km. Content de les voir mais me sentant bien, je ne ralentis pas mon effort.
A ce moment-là, je prends vraiment du plaisir ; la première partie de la course se termine et nous repassons par le point de départ. Malgré les écouteurs, j’entends les applaudissements du public, je vois leurs sourires, je me permets de taper dans la main de quelques enfants au passage. Bref, je profite. Les choses vont se gâter à l’approche du 15ème km, je sens que mes jambes sont lourdes et que, même maintenir ma vitesse de croisière me demande des efforts.
Au dernier ravito (le 15ème km donc), je prends un verre d’eau que je bois aux 2/3, le dernier tiers restant me le jetant sur les jambes. Au 16ème km, c’est le moment d’aborder une grande ligne droite que nous devons faire dans les 2 sens… en croisant ceux qui sont devant nous.
Il y a un léger vent et quelques dos d’ânes qui me font souffrir. Ma vitesse est sous les 12km/h et fond comme neige au soleil mais je m’accroche.
Sur la phase retour de cette ligne droite, Anouk et Pierre me doublent juste avant le 18ème km, j’enlève mes écouteurs, j’essaie de raccrocher le wagon, Pierre m’encourage, mais je n’y arrive pas, je n’ai plus rien sous la pédale. Passant le panneau 18km, je me dis intérieurement : « tiens, tu viens de battre ton record de distance ! » mais il me reste encore 3 interminables kilomètres et les 100 derniers metres….
Je regarde ma montre, calcule, c’est encore possible de tenir l’objectif (1h45min) mais je ne trouve plus de ressource. Au km 19,500 , je suis encouragé par ma copine, ça fait plaisir mais j’ai du mal à poursuivre ma foulée. 200 mètres plus loin, j’arrête de courir et me mets à marcher… je repense à ces semaines d’entrainements tête basse mais ne baisse pas complètement les bras. Je vais finir ce semi quoiqu’il arrive. Tout d’un coup je reçois une petite tape sur l’épaule avec un mot d’encouragement d’un autre coureur me dépassant. Cela me rebooste pour quelques centaines de mètres mais je dois à nouveau me remettre à marcher.
Quelques instants plus tard, une autre pression sur mon épaule de la part d’une femme qui m’encourage et me double. Je suis alors ravi de voir à nouveau le bel état d’esprit de ce monde du Running. Je me remets alors à courir les quelques centaines de mètres qui me séparent de l’arrivée sans pouvoir accélérer mais profitant pleinement encore des petits mots d’encouragements, de félicitations, des applaudissements des personnes se trouvant derrières les barrières.
Je passe la ligne d’arrivée en 1 heure 47 minutes et 14 secondes déçu pour ces 2 minutes de retard mais aussi fier du progrès accomplie depuis les 6 derniers mois.
Merci à Anouk, Carine et Pierre notre cap10. Félicitations à ma Carine et Anouk pour leurs objectifs atteints.
A renouveler malgré les courbatures d’après course…
Cédric.