Récit initialement publié sur le blog de Theize Course Nature.
« A l’origine de ce projet un peu fou eu égard à mon niveau, était mon souhait d’accomplir quelque chose de marquant pour mes quarante cinq ans (ouais, je sais je les fais pas… 😉
Mon idée première était de faire le 80km du Mont Blanc, mais rapidement je me suis rendu compte que ça ne pouvait pas s’intégrer dans mon agenda pour cause de formation… Qu’à cela ne tienne, dans un éclair de connerie dont je peux parfois avoir le secret, je me rencarde sur les courses de l’UTMB 2013 avec en point de mire le passage théoriquement obligé qu’est la CCC (100km et 6000m D+, ça occupe déjà quand on n’a fait que 45km max. en montagne). Rapidement, il s’avère que cette inscription est aléatoire car très prisée, aussi, pris de folie, je me préinscris sur la TDS pourtant encore plus largement hors de ma portée, car reconnue comme plus sauvage. Statistiquement, c’est sur celle-ci que j’ai le plus de chance de me faire sélectionner… Ce qui est effectivement arrivé vers le mois de Janvier… Jean-Phi en profite pour se foutre un peu de ma gueule… En tous cas, maintenant, je fais quoi ?…
Je décide de m’en remettre à Séverine, comme coach et essaie de suivre ses recommandations au mieux. Nous cumulons donc entre hiver et été près de 8 séjours en montagne (Jura, Vercors, Maurienne, Chamonix, Serre Chevalier etc.) afin de parfaire ma condition. Je monte également dès que je peux à 4 entrainements semaine, bref, j’essaie de me préparer au mieux en fonction de mes contraintes et de mon niveau. Je reste vigilant à essayer d’éviter la blessure qui peut réduire à néant ces semaines de préparation si prés du but –qui est le départ, avant même de songer à arriver…
J’expérimente auprès d’Annette Sergent des séances de sophrologie, dont je pense qu’elles m’ont bien aidées également…
A quelque jours du départ, je suis mentalement dans de bonnes dispositions, et je sais que je vais toucher quelques unes de mes limites, mais pour autant, je sais et Sév. me le rappelle, que je les ai déjà touchées du doigt lorsque nous faisions des raids multisports sur près de 2 jours et une nuit, ou encore avant lorsque j’étais à l’armée. Je serais malhonnête, si je n’évoquais pas une petite voix, sournoise qui parfois s’immisce dans ma tête et me dit que je suis un peu trop ambitieux, que je n’ai pas l’étoffe pour jouer dans la cour des grands…
Nous revenons de nos vacances d’été ou nous avons arpenté pas mal de chemins autour de Serre Che., superbe station et je me dis que je ne pourrais être plus prêt que je ne le suis…Il est temps que cette sacrée course arrive. Ce projet en effet occupe une bonne partie de mon esprit et j’ai du mal à me consacrer à d’autres activités (et je n’en manque pas…)
Mardi 27 Août, nous partons pour Chamonix, via Annecy. Le temps est plus que mauvais, et sans que ça n’entame ma résolution, les trombes d’eau qui s’abattent, me laissent à penser que ce sera dur, très dur dans de telles conditions. Alea Jacta est.
Je vais chercher mon dossard, me fait vérifier le matériel obligatoire, et hop direction le gite Alpenrose. Nous nous retrouvons dans un gite étonnant, crée par des Coréens et chez qui tous les alpinistes coréens de Cham’ semblent s’être réunis. Les filles, Séverine et moi essayons de nous coucher tôt : si c’est une aventure pour moi, ce le sera aussi pour elles qui vont me suivre autant que faire se peut et… dormir dans la voiture. Je fais le point du matos et prépare tout pour éviter de réveiller tout le monde aux petites heures auxquelles je vais me lever (3h45). Au stress succède une espèce de calme, j’y suis maintenant, je ne peux plus reculer…
Je garde en mémoire le conseil de David Uliana qui est de ne pas me gaver, donc je déjeune normalement d’un café et de tartines. Ayant préalablement dégazé une bouteille de Saint Yorre, j’en remplis le Camel.
Sév. me rejoint et me dépose dans Cham. Pour récupérer les navettes qui nous emmènent à Courmayeur. Je suis dedans désormais et nous sommes très nombreux. A la pluie d’hier a succédé une température assez douce. J’embarque, et à de rares exceptions prés, le bus est très calme. Chacun s’essaie à grignoter quelques minutes de sommeil, qui seront nécessaires pour passer au mieux la prochaine nuit. Je n’y arrive pas et m’essaie à la relaxation. Nous arrivons dans la nuit encore noire à Courmayeur au Palais des Sports.
Le jour se lève, il fait très beau et je me rends sur la ligne de départ, dépose mes sacs de délestage, puis en croquant une barre, je prends conscience de la beauté du lieu. Courmayeur est une ville superbe, manifestement très riche, et le fait d’être entourée de montagnes avec le soleil qui se lève m’amène les larmes aux yeux d’émotion devant tant de beauté, et probablement d’y être enfin.
Je souris comme un con à tous lorsque retentit le départ. Nous courrons à travers la ville jusqu’à arriver à une piste de ski que nous remonterons jusqu’à la Cabane Checrouit. Nous marchons les uns derrière les autres, entamons des débuts de discussion dans cette tour de Babel que forme les concurrents. Après quelques km de grimpette, j’ai la joie de trouver Pascale & Gilbert (en préparation Tor des Géants) avec lesquels nous discutons un peu avant que je ne continue ma route. La piste large se transforme en singletrack. Nous sommes en file indienne, et il est quasi impossible de doubler à ce niveau de la course, alors je me gave de paysages sublimes qui me donnent la banane. Un fan club de 2 marmottes nous regarde…
Survient une descente enfin, tout en gardant à l’esprit de ne pas me cramer, je trottine enfin. Nous rejoignons une portion plate qui nous amène au premier ravito significatif : Le Lac Combal. Pour le moment, tout va bien, et j’entends que ça reste comme ça : je suis dans une course que j’ai choisie, dans des paysages sublimes, entouré de gens plutôt très sympas, de ma famille qui va me suivre et d’amis qui m’encouragent. Je ne peux qu’être heureux, à moi de faire que les douleurs que je vais subir, les coups de mou inévitables ne se transforment pas en souffrance…
Je profite de ce break pour manger du salé et nous entamons rapidement une superbe montée qui nous emmène au Col Chavannes. Au franchissement de ce col, je suis ébloui. Une photo pour immortaliser cet instant durant lequel j’ai la banane jusqu’aux oreilles, et hop, c’est parti pour une très longue descente roulante ou je décide de trottiner et double un nombre stupéfiant de coureurs. Le doute s’installe. « Est-ce que tu ne vas pas trop vite, gaffe à pas se cramer… », Je fais un autoscan de mes sensations. Je me sens vraiment bien…alors j’y vais…
Je croise les femmes de ma vie et les vois avant qu’elles ne me reconnaissent. Je suis aux anges et mieux, elles semblent être contentes d’être là. Re-boosté par cette rencontre, je reprends mon chemin pour le Col du Petit Saint Bernard. Calme et serein, je n’oublie pas les nombreux avertissements qui m’ont été donnés : la course ne commence vraiment qu’à Bourg Saint Maurice… Le chemin monte doucement, nous le partageons avec des troupeaux dont certaines vaches se sentent des âmes de traileuses et sont vraiment très proches de nous… Pas de taureaux agressifs cependant…
Puis nous arrivons sur un replat d’où nous découvrons le magnifique lac Verney que nous longeons avant d’apercevoir un mur sur lequel grimpent d’autres coureurs… Le chemin semble avoir été tracé à la machette… Bon quand faut y aller… Au sommet, se trouve le col du Petit Saint Bernard ou je retrouve Régis & sa fille qui m’ont fait la surprise de venir nous encourager… et c’est super, vraiment… Sans le savoir, ils sont très proches de Séverine et des filles que je recroise à nouveau pour mon plus grand bonheur. J’ai toujours le sourire, et j’ai le sentiment de gérer pas trop mal mon affaire. Je me répète comme un mantra, la course ne commence qu’à Bourg Saint Maurice…
Au ravito du col, je refais le plein et aperçois encore mon fan club. Je dois malgré tout être un peu entamé et moins lucide car je referme mal mon sac, voire ne le referme pas… et lorsque je repars, toujours sous les encouragements des filles et de Régis & Marie, elles me le font remarquer, mais entretemps, avec les ballotements, je perds ma bonne frontale… comme je le découvrirais à Bourg Saint Maurice. Du col du Petit Saint Bernard, nous descendons au point le plus bas, Bourg Saint Maurice à environ 800m par une piste large et peu plaisante au début mais qui finit par un super single. BSM est un point d’assistance, et Sév. M’y attend avec mon sac prévu à cet effet.
Je mange, change chaussettes et chaussures pendant que Sév. Recomplète en Saint Yorre dégazée et barres. Point de contrôle matos à la sortie : Vérif. Des frontales, Goretex etc. Je montre tout ça à l’exception de mes 2 frontales car c’est à cette occasion que je me rends compte qu’il m’en manque une… Coup de flippe, vont il me laisser partir ? Le contrôleur, compréhensif voit ma 2ième frontale et me dit ‘Non, c’est bon, comme d’hab., l’autre doit être au fond du sac…’ Je l’ai échappé belle sur ce coup, mais ne fait pas le malin en prévision de la nuit à venir… Je comprends mieux pourquoi ils demandent 2 frontales.
Nous arrivons au morceau de bravoure : presque 1800 m de D+ en….11 km.. Je sais que nous allons souffrir… et en effet, ça n’en finit pas, même si c’est sublime.
Je m’arrête assez souvent et m’impose de manger et boire régulièrement. Je veux absolument passer le « Passeur de Pralognan » de jour au vu de la technicité du passage… Je ne prends pas le temps d’admirer le fort de la Platte, je suis trop entamé pour cela. Le chemin devient très technique dés lors que nous passons le col de la Forclaz… Et je suis vraiment impressionné quand je vois jusqu’ou il faut aller pour chercher le passeur. Je comprends sans pourtant avoir fait CCC ou UTMB, pourquoi la TDS est qualifiée de très sauvage… euphémisme pour dire engagée, en tous cas pour quelqu’un de mon niveau… Sentiers très étroits, aériens, encordés sont le lot de cette méga ascension.
Enfin, ce foutu Passeur… Heureux de le passer de jour, parce que c’est juste la beauté de la montagne à l’état pur… Je me dis que si je dois mourir demain, ce sera avec ce genre d’images sublimes en tête, qui me prennent vraiment aux tripes.
Un petit mot sympa aux bénévoles, des guides pour certains, qui ont leur tentes montées pour y passer la nuit, et nous descendons sur le Cormet de Roselend…Une descente faite de superlatifs : pentue, hyper étroite, encordée avec des bénévoles secouristes transis de froid, à flanc de montagne… au cas où. Tant bien que mal, je descends dans la légère pénombre qui s’installe doucement, pour rejoindre une piste blanche qui nous amène au Cormet. J’arrive dans le barnum du Cormet de Roselend assez épuisé. Je ne supporte plus mes barres alors que je les ai testées et appréciées longuement auparavant. Je me pose, prend mon sac de délestage et me met en mode nuit. Changement de fringues : du long en bas, carline et Goretex en haut, 2 bols de soupe, du fromage bref, je fais le plein et en profite pour faire une razzia de barres Overstim pour pallier mon manque d’appétence pour les barres Isostar que j’ai prises et que je ne supporte plus.
Je sais que j’ai fait déjà un gros morceau au Cormet… Mais ce n’est pas fini, loin s’en faut. Je ne vois pas Sév. et les filles et j’en suis vraiment affecté. Les accompagnants n’ont pas le droit d’aller dans la tente, et malgré plusieurs allers-retours, je ne les vois pas à la sortie… et j’en ai besoin.
Après pas loin d’une heure, de dépit je décide de repartir, le coeur lourd de ne les avoir pas vues. Malgré cela, le moral reste bon, et à aucun moment ne me vient l’idée de lâcher l’affaire. J’ai juste envie de les voir, c’est tout.
Je sors… et par un petit miracle dont les courses ont parfois le secret, je vois ma chérie encapuchonnée dans son Goretex jaune, nous nous sourions puis elle m’emmène sur le parking faire un bisou aux filles qui sont retournées dans la voiture, trop transies de froid. Je les prends dans mes bras, elles m’embrassent et m’encouragent et ces 5’’ de retrouvailles me redonnent une énergie fabuleuse. Rien ne peut m’atteindre à ce moment précis, je suis un Seigneur, porté par leur affection et leurs encouragements.
Sév m’accompagne sur quelques centaines de mètres, et s’en retourne à la voiture… Elle n’est pas encore couchée car il faut qu’elle se rende aux Contamines…et ce n’est pas tout près… A moi le col du Joly…
Les premières ascensions se déroulent excellemment, ma technique de montée avec bâtons, à force d’entrainement (et de conseils de Jean Luc) est plutôt au point et je double vraiment beaucoup de concurrents dans ces moments. Les descentes sont plus confuses, je suis vraiment vigilant, il y a beaucoup de boue, ça glisse pas mal, je rejoins des groupes de coureurs, et je sais parce qu’ils me l’on dit que nous avons traversé le « chemin du Curé ». J’ai pu l’observer sur des photos de jour, mais au bruit du torrent sur ma droite, je me dis que ce doit être assez impressionnant…
Je passe le col de la Gitte, mes efforts commencent à être pesants, il ne fait pas trop froid, mais je mange et bois pour éviter une fringale fatale dans la nuit. Je vois certains coureurs hagards essayant de récupérer… Je veux éviter ça… Après un replat, j’entame un moment d’anthologie qui m’amènera au col du Joly. Des passages hyper techniques, avec des endroits d’à peine 15 cm pour poser le pied, des passages ou l’on est obligé de décrocher les bâtons et de s’aider de ses mains, et qui demandent une telle concentration pour éviter de chuter que finalement, je ne suis pas affecté par le manque de sommeil…
Ou est ce pu…ain de foutu col, bordel… Je n’en peux plus quand enfin apparaissent les prémisses de la civilisation sous la forme d’arrivée de télésièges. Dans la nuit, ces lumières sont vraiment trompeuses et il me faudra plus d’une demi-heure pour atteindre la tente du ravito…
Col du Joly, c’est fait. Je me restaure, change les piles de la frontale, et m’imagine déjà au Contamines 10 km en contrebas… Les 10 km qui me séparent des Contamines sont interminables et me paraissent bien difficiles, imaginez une piste de descente à VTT parsemée de racines, de pierres et avec une pente prononcée comme il faut, ajoutez y la fatigue (il est environ 5 h du matin, je crois…), des orteils douloureux, et vous avez une idée de cette descente… Je suis très seul et n’aperçois que de loin en loin des frontales. Je ne peux courir aussi, j’essaie de marcher vite, enfin autant que mes quadris meurtris me le permettent…
Enfin, Les Conta… J’ai l’impression, probablement faussée par le manque de sommeil que je marche sur la route au moins 3km jusqu’à la tente du ravito/assistance, ou je croise Sév. dans l’entrebâillement d’un immeuble, transie de froid et couverte d’un sac de couchage à m’attendre depuis 4h du matin. Je suis hyper content de la voir, le moral reste bon. Elle me fait le plein de tout, je mange ma soupe, mon pain et mon fromage désormais habituels… Puis je me change chaussettes et chaussures et constate les dégâts que j’avais déjà senti… 3 ongles bien noirs à force de taper. Sur le conseil avisé de Sév. je vais au PC médical, la, un podologue me perce un gros orteil pour réduire ’hématome.
J’y passe une bonne vingtaine de minutes, mais je sais que ce n’est pas du temps perdu… ça m’aidera clairement à finir les derniers 25 km. J’ai vraiment envie d’un café pour me rebooster mais à peine ai-je posé les lèvres sur le breuvage qui porte ce nom que je le recrache tant il est amer et franchement dégueulasse.
Dernière partie : Chalets du Truc et une petite plaisanterie du nom de Col de Tricot… la montée au chalet est assez onirique : abruti de fatigue, je commence à avoir des hallucinations. J’y étais préparé pour l’avoir expérimenté en raid, donc je n’étais pas trop surpris… Les arbres forment des choses diverses et variées, les troncs des animaux improbables…
Mon cerveau est en mode sommeil & rêves… J’ai lu que pour reprendre ma lucidité, je dois prendre des sucres rapides pour le nourrir, aussi, même si je n’en ai pas forcément envie, je mange les barres Overstim, bonnes et moins bonnes afin de sortir de cette torpeur cérébrale. Après les chalets du Truc, qui passent assez rapidement sur une grande piste forestière, je perds-beaucoup-de dénivelé pour arriver aux chalets de Miage et me retrouve littéralement face à ce qui me parait être un mur, le col de Tricot. Une certaine lucidité revient, la conscience aussi que la fin n’a jamais été aussi proche. Je reprends ma vitesse de croisière ascensionnelle en bâtons et je double vraiment beaucoup d’autres concurrents tout aussi épuisés que moi, et probablement davantage. La bascule enfin dans ce que j’imagine être les Houches…Grave erreur d’appréciation…la descente vers les Houches est à Bellevue…à 5km de la (qui paraissent une éternité à ce niveau de la course…). De magnifiques singles se succèdent, que j’aurais appréciés dans d’autres circonstances, mais qui me font-un peu-pester à ce moment là…
Nous arrivons de manière inattendue à un endroit magnifique et un peu aérien pour moi, une sorte de pont himalayen, passerelle que l’on ne peut franchir que 2 par 2 au dessus d’un torrent du glacier du Bionnassay qui rugit en dessous… S’ensuit dans la même veine des passages en balcon vraiment superbes, sécurisés par des câbles…Mieux vaut être un peu vigilant pour ne pas finir plus bas…beaucoup plus bas…
Malgré ma meilleure volonté, les quadri sont trop douloureux et j’ai du mal à trottiner…comme la plupart des coureurs que je croise. Enfin, nous arrivons à Bellevue, qui plonge sur les Houches.
Je vais avoir mal, très mal car je vais perdre 700m de D- en 3 ou 4 km… Impossible de courir me dis-je. Bah si, mon gars, c’est encore possible, en fait… Sans avoir plus mal, ni moins d’ailleurs… Je rejoins un groupe de 4 féminines que je tente et réussis à suivre en trottinant. Puis conforté dans l’idée selon laquelle je ne suis plus qu’à une 10aine de bornes, je lâche les watts, passant royalement de 7 à 7,5 km/h…Kilian n’a qu’à bien se tenir 😉
Je double ce groupe pour rejoindre la route des Houches ou je vois Elisa qui me retrouve et m’encourage puis j’ai le plaisir de croiser Sév. & Zoé accompagnées de Philippe Boissy et son fils qui ont fait 2 heures pour venir me voir…Vraiment chouette. Au ravito, Sév. me prend à part et reprend sa casquette de coach pour me secouer (en l’occurrence, il n’y en avait pas forcément besoin) : « Bon, maintenant, ça sent l’écurie, tu lâches rien, le mec devant toi, tu vas le chercher, et celui devant pareil…Allez go,go, go ! »
Je me ravitaille en eau, coca pour ces derniers 8 km dont je sais qu’ils sont assez roulants, je sors de la zone, clic clac, photos & encouragements… Je jette mes dernières forces, et dis à Sév. que je veux franchir la ligne avec les filles. Bim Sév. me balance « On s’en fout, pour l’instant tu cours ! » Je n’ai qu’à m’exécuter… C’est parti. Je commence une remontée fulgurante (tout est relatif : je trottine, les autres marchent, je double CQFD). Le parcours est, dans d’autres circonstances, roulant… Je croise des coureurs qui doivent s’entrainer pour la CCC ou l’UTMB et qui nous applaudissent dès qu’ils nous croisent ce qui donne encore du baume au coeur pour ne rien lâcher. J’arrive en vue de Cham’, la falaise école, gigantesque, ou tous les grimpeurs nous encouragent…L’Ecole Militaire de Haute Montagne, que j’ai connue plus jeune, signale que je ne suis plus qu’à environ 2 bornes du centre… Il est environ midi, et entre les personnes attablées aux terrasses, celles qui accompagnent les CCCistes & UTMBistes, il règne une ambiance de Tour de France… Dans les rues du Centre de Cham, un groupe de 3 coureurs me double… Je repasse en mode. Compète’…(et oui, même à ces places excessivement éloignées des places d’honneurs…) et je les garde en chasse… J’aperçois l’arrivée à environ 200 m, et je mets donc le turbo pour repasser, ceux qui viennent de me doubler, sur ma lancée finalement je double 5 coureurs…et oublie de franchir la ligne d’arrivée avec mes filles… J’ai la banane, j’ai fini cette TDS, et plutôt mieux que je l’imaginais lorsque je découvre mon classement. Je tombe dans les bras des filles non sans avoir remercié les bénévoles et surtout pris la polaire de finisher, qui a d’un seul coup une toute autre saveur. Je suis aux anges. Je remercie Philippe & son fils d’être venu m’encourager. Comme les très nombreux SMS que j’ai reçus, ces accompagnements vous portent et donnent des ailes (toutes relatives pour ce qui me concerne).
Pendant les heures qui suivent, je ne cesse de recevoir des félicitations, et j’ai l’impression, illusoire, mais qui fait plaisir cependant que j’ai franchi un palier, dans le regard que les autres portent sur moi, notamment quand je me dirige vers les douches et que je vois l’immense file de ceux qui vont chercher leur dossard pour l’UTMB ou la CCC. Et, c’est vrai que c’est bon, parfois de se croire bon ;-).
Je remercie en premier lieu les femmes de ma vie, qui m’ont soutenu & cru en moi, et sans lesquelles, la course aurait été bien plus dure, et aurait eu beaucoup moins de saveur à l’arrivée, les personnes qui m’ont fait le plaisir et la surprise de venir me voir (The Petillons, Marie & Régis, Philippe B & son fils) et vous tous qui par vos appels, messages FB, SMS m’avez encouragé et porté quand les circonstances était parfois compliquées. Je n’oublie pas le soleil qui a permis que cette première soit un succès…qui donne envie d’aller plus loin… Comme le disait Lionel, suite à son premier marathon du Mont Blanc, oui le Trail est aussi un sport d’équipe ».