Les Chroniques Sableuses #16 Le compte rendu partie 4

Le Compte Rendu.

Partie 4

Jeudi.

Il fait jour quand j’ouvre un œil. C’est les vacances aujourd’hui ! Au-delà de la perf et du temps mis à parcourir les 81,5 Km, c’est vraiment intéressant de faire cette étape d’une traite afin de vraiment pouvoir profiter d’une nuit (même courte) et d’une journée complète de récupération. Je ne regrette vraiment pas de n’avoir pas fait un break au CP6. Petit dej plus léger (pas d’effort aujourd’hui) et après m’être bien habillé car il fait plutôt froid (et oui malgré l’endroit et la période….) avec le vent violent, direction la tente des mails. Mes ampoules ne me font pas plus souffrir et le pansement n’a pas bougé donc je zappe la visite chez les docs. La nouvelle de l’abandon de Rachid El Morabity (vainqueur l’an dernier et en tête de la course) parcoure le bivouac. Blessé à 1 Km de l’arrivée de la Longue. C’est terrible ! Durant l’écriture du mail, la météo s’aggrave et c’est une véritable tempête sur le bivouac. Le tonnerre et les éclairs et enfin un déluge de pluie et de grêle (oui de grêle !!) s’abat sur nous. Coupure des communications et par précaution on nous rassemble au centre de la tente pour éviter tout contact avec les poteaux ou objets métalliques. Tout le monde pense à ceux qui sont encore en course et qui doivent vivre un véritable calvaire. Il fait très froid et l’eau commence à s’infiltrer de partout. C’est quand même incroyable quand on pense que nous sommes en plein sud du Maroc et qu’hier on avoisinait les 40°C !!!

 

 

Profitant d’une accalmie, je rejoins la tente. Mes colocataires ont fait le maximum pour préserver les sacs et les duvets ou autres matelas. Le soleil brille de nouveau, c’est aussi rapide que violent les orages ici ! On sort le tapis bien trempé et boueux pour une opération séchage. On va profiter de cette après midi pour faire la sieste et récupérer. Pour un peu on se croirait au Club Med, allongé en train de bronzer à côté de la tente, surtout quand on sirote le Coca offert par l’organisation. Oublié les doutes de la veille. On est bien sous la chaleur du soleil, entouré des amis de la tente 12, en train de chambrer les voisins de la 13. En fin d’après midi, tout le monde rejoint la ligne d’arrivée pour assister à celle des derniers de l’étape. C’est toujours un grand moment d’émotion de voir ces coureurs franchir la ligne après plus de 30h00 de course avec les chameaux balais en arrière plan. Leur arrivée est saluée par une haie de coureurs et PB en personne. Dîner et vite au lit, demain c’est l’étape marathon !

 

 

Vendredi 13/  5ème étape :42.2 Km.

Je me sens en forme, comme toujours il me faut un temps d’adaptation et plus on avance dans la semaine mieux je me sens. C’est ça les vieux diesels, faut le temps de se mettre en température et après ça tourne ! J’ai un petit (en fait énorme) challenge avec 25 mn à reprendre à une concurrente. Pas trop mon truc en général, étant plutôt du style à essayer de donner le meilleur sans m’occuper des autres. Le classement et le temps n’étant que des bases de comparaison par rapport à moi-même ou sur des précédentes éditions. Mais là j’ai bien compris au vu des attitudes et du mépris affiché que le match était lancé. Comme je suis un compétiteur je me place sur la ligne, gonflé à bloc.

Après le passage de dunes, ou j’arrive quand même à trottiner car le sable est resté assez dur, je trouve mon rythme de course. A l’aide de mes bâtons et d’un exercice de souffle (un peu bruyant, mais comme je suis toujours en décalé du peloton je ne perturbe pas la sérénité des autres coureurs), je maintiens jusqu’au CP1 une vitesse de progression plutôt rapide qu’habituellement. J’essaye de maintenir cette cadence entre le CP1 et le CP2. J’ai de bonnes sensations, je suis au-delà de mon rythme habituel, mais sans être dans le rouge. Je profite du décor, le sac est léger, il ne fait pas trop chaud et le vent est plutôt dans le dos. C’est un vrai bonheur d’être là. Après le CP2 on rentre dans une zone de sable d’abord avec des petites dunes et ensuite la traversée de l’Erg Znaïgui. Au vu du Road Book, j’ai constaté qu’il devait y avoir la possibilité de tirer tout droit à partir du Km 24 environ en direction de l’oued avant la montée du djebel (Km 31) et le CP3. On évite ainsi de faire une grande boucle sur la gauche. Aussi dès que je suis dans les dunettes je commence à prendre plein nord au lieu de nord est. Même si cela ne me fait pas gagner du temps, je m’amuse et j’ai cette sensation de courir au milieu du désert en cherchant mon chemin. J’ai toujours plus ou moins un visuel sur la file des concurrents qui s’éloigne. 2 gars ont pris ma foulée et semblent ravi de la « ballade ». Ils me demandent si j’ai un GPS, je leur réponds que non hormis celui que j’ai dans les yeux et mon feeling du truc. Je suis dans mon élément, je m’éclate. Ils finissent par m’appeler Tom Tom et on se prend en photo au creux d’une dune. Durant plus d’une heure c’est un grand moment de plaisir de marcher et courir sur ce sable vierge, en cherchant la trace la plus stable tous les 3 au milieu de l’Erg. On finit par rejoindre la piste et les autres concurrents un peu avant le CP3.

Juste après le CP3, je continue sur ma lancée en prenant plus à l’Ouest que prévu pour atteindre la passe du djebel Debouâa. Arrivé à ce point, mon idée est de prendre plein nord pour rejoindre le village de M’Fiss, mais un contrôleur m’explique que je dois suivre le balisage et la piste commune. Dommage ! Bon je me suis bien amusé quand même. Je reprends mon rythme de course avec exercices de souffle et je maintiens le rythme afin d’arriver en moins de 6H00. C’est tout bon, je franchis la ligne en 5h54. Très content de cette étape, je danse avec un belge devant la webcam. Je suis en pleine forme, pas du tout éprouvé. Je récupère mon thé et je m’assois à l’ombre pour attendre mon adversaire en espérant qu’elle n’est pas déjà arrivée… 15mn plus tard alors que j’allais récupérer mes bouteilles d’eau je la vois franchir la ligne. Raté, j’ai encore 10 mn de retard. Mais bon je m’en contrefiche vu le plaisir que j’ai pris aujourd’hui et c’est d’un pas guilleret que je rejoins la tente 12 et ses habitants.

 

 

C’est assez drôle de croiser des gens habillés tout propre dans le bivouac. C’est encore plus surprenant quand allongé sous vôtre tente en train de récupérer, ces « touristes » vous regardent comme des bêtes curieuses. Pour un peu on pourrait penser qu’ils vont nous jeter des cacahuètes… On les retrouvera un peu plus tard lors du concert de musique classique. Un moment de sérénité avec au fond les grandes dunes de Merzouga. Dommage simplement que ces visiteurs, puis la projection des images de TV5 donnent l’impression que la course est terminér. L’ambiance n’est plus la même sur le bivouac. Dernier dîner de lyos à la frontale, puis au lit car il reste quand même 15.5 Km dont 9 dans les plus hautes dunes du Maroc, l’Erg Chebbi.

 

 

Samedi.Dernière étape.

Ce matin, la bande à Bachir n’est pas là pour nous expulser de nos tentes. C’est le dernier bivouac et ce soir on dormira à l’hôtel à Ouarzazate. Il y a un peu de nostalgie car on se rend bien compte que c’est la fin de l’aventure, que ces quasi inconnus il y a une semaine sont devenus des amis intimes et qu’il va falloir vivre sans eux. On a partagés des moments intenses principalement sous la tente car chacun faisait sa course et que l’on a pu se croiser parfois.sur la piste. Si je me sens si épanoui et heureux de cette aventure, que j’aie le sentiment que ma course fut un réel plaisir c’est avant toute chose grâce à cette ambiance et cette convivialité qui ont régné sous la tente 12. La performance sportive (4h30 de moins que l’année dernière et plus de 60 places gagnées au scratch) est peut être due à une meilleure préparation, à l’expérience, au matériel, mais surtout à la sérénité sur la course et ça là je le dois à Foued, Gloria, Amandine et Goeffroy. Une dernière bise à chacun, un dernier regard à la tente N°12 et direction la zone de départ.

 

 

L’idée pour cette dernière étape c’est d’aller à fond jusqu’au CP1 et ensuite de profiter à fond des 9 Km dans les dunes de Merzouga. Comme toute la semaine je me place derrière les champions. Devant moi, Salameh Al Aqra qui va remporter ce 27 ème MDS, Christophe le Saux notre voisin de la tente 13, 6ème au scratch et 1er Français et mon idole Marco Olmo qui va finir 14ème au scratch à 63 ans !!!!! Je dois être dans le cadre de tous les objectifs des appareils photos et des caméras:-). Après le départ je fais 500m derrière Marco Olmo avant de lâcher prise, et de reprendre mes habitudes à côté du peloton. J’essaye de maintenir un rythme élevé sans toute fois me cramer et j’arrive au CP1 en 41′. Pas de bouteille d’eau, juste un poinçonnage de la carte pour ce dernier CP de la course. Et c’est parti pour une ballade de 9 bornes dans les dunes. Pas vraiment de possibilités de chercher un cap perso, c’est tout droit ! Je reste malgré tout en décalage afin de trouver du sable plus dur. Faire sa propre piste dans les dunes de Merzouga n’est pas toujours bénéfique, le sable est beaucoup plus mou qu’hier et les dunes beaucoup plus hautes. J’atteins parfois le sommet des dunes en m’aidant des mains….Ceci étant je m’amuse bien et je ne rejoins la piste principale que vers une tour qui annonce l’arrivée. Je franchis la ligne en 2h32.

C’est un peu la cohue pour recevoir la médaille, je remercie Patrick Bauer d’avoir imaginé le MDS et de nous permettre de vivre ces moments. Je récupère mon lunch paquet et une bouteille d’eau (la dernière) et ce que j’attends avec impatience, la galette de pain !! Je retrouve Amandine en compagnie de son père et de son fiancé qui lui a fait la surprise d’être à l’arrivée ! C’est un peu la foire après l’aire d’arrivée. Des gamins vont de concurrents en concurrents pour réclamer des gâteaux ou plus. Je vois même un môme courir avec des bâtons de course, donnés ou volés? Des concurrents énervés en viennent même aux mains et je vois un gamin jeté à terre. Inadmissible ! Il faut les comprendre ces mômes qui voient débouler dans leur village 1000 personnes couvertes de matériel, de vêtements ou de nourriture qu’ils n’imaginent même pas. C’est encore mieux que la vitrine magique de Noël. C’est curieux comme une fois la ligne d’arrivée franchie, les mauvais côtés de certains ressortent. Encore une fois on peut se rendre compte qu’il n’y a pas que des gens biens sur le MDS, mais aussi de sacré connards! Finalement, je laisse Amandine et ses proches attendre Foued et rejoins la zone des bus. J’arrive à prendre le premier qui part de suite (j’aurais eu beaucoup de chance avec les bus). 5H de voyage avant d’arriver à l’hôtel Kos à Ouarzazate ou je profite du plaisir de la douche. Foued arrive plus tard et après sa douche nous finissons au self de l’hôtel ou nous retrouvons les plaisirs de la queue….

 

 

Dimanche

En fin de matinée c’est la remise des prix au bord de la piscine. On se laisse aller au soleil et je prends un coup de soleil sur le front ! Un sympathique tajine /frites à la Kasbah avec Gloria, Foued et Geoffroy . Un petit tour en ville pour acheter une bouteille de vin et des épices. Un passage à la boutique du MDS pour récupérer le tee shirt finisher et 2/3 souvenirs. Petite sieste et c’est notre dernier repas accompagné de la bouteille de vin.

Lundi

Après une nuit agitée entre les ronflements de Foued et la tête qui n’a pas encore fait le constat que la course était terminée, c’est le départ pour l’aéroport à 7h30. Queue pour enregistrer, bousculades, bref ça y’est on est revenu dans la réalité du quotidien. Je retrouve Geoffroy à l’arrivée à Orly, je récupère mes bagages et je fonce prendre un taxi pour choper le TGV de 17h15. C’est bon ! Arrivée gare de la Part Dieu à Lyon, je me gèle pendant 20 mn avant de prendre le train régional pour Saint Etienne.A 21h00, je suis chez moi et après un passage au Mac Do je peux commencer à raconter mon aventure tout en mangeant des frites et en buvant un coca.

 

Frank/Dossard 201