Cette édition a été marquée par un kilométrage record (plus de 170 kilomètres , 10845 D+ et 2663 participants), ce qui n’a pas empêché une partie seulement des coureurs de repartir heureux de leur grande diagonale. Le pourcentage des abandons témoigne d’ailleurs de ce bonheur partagé puisqu’il est de 50%, soit, à peu de choses près, le même total que les années précédentes. « C’est peut-être un tout petit peu supérieur, a expliqué Robert Chicaud, le président de l’association Grand Raid, mais cela valorise ceux qui ont terminé. »(source grandraid.sfr.re)
Mais comment peut-on tenir de tel propos ? Qu’il y a-t-il de valorisant à voir des femmes et des hommes échouer ? Ne serait-il pas plus valorisant de voir le plus grand nombre possible de participants réussir ?
Le GRR fait partie des courses mythiques. Certes, il fait partie de ces étapes que j’aimerai un jour inscrire à mon programme. Mais malgré ça aujourd’hui j’ai envie de dire que je hais cette épreuve. Trop de coureurs, ce week-end, se sont cassés les dents, trop d’entre eux finissent usés et psychologiquement affectés. Je ne parle pas là de ceux qui ont abandonné, non, je pense à tous ceux qui se sont vus mettre à la porte car arrivés au-delà de la barrière horaire. Certaine fois pour moins de 5 minutes !
Faut-il se réjouir des 50% de non-arrivants ? Halte à la surenchère aux difficultés !
Pour info en Comparatif 2011 / 2012, l’année dernière à 15 heures le samedi, 205 concurrents avaient franchi la ligne d’arrivée. Cette année, à la même heure, ils étaient 80 à avoir rejoint la Redoute.
A la fermeture de la Barrière Horaire de Maïdo Tête Dure au km 121, 161 coureurs seulement avaient passé la ligne d’arrivée et on dénombrait déjà 1177 abandons et hors délais !
Dans une discussion, Fred, un copain coach en course à pied (www.couronsensemble.fr) me disait revendiquer haut et fort la surenchère à la difficulté. Finisher de toute les plus grandes courses, son truc c’est d’en vouloir toujours plus, de battre ses records, de distance, de vitesse. De pousser ses limites et de toujours aller plus loin.
J’entends ces arguments et tous ceux qui disent qu’après tout l’UTMB comme la Diag proposent des formats plus accessibles pour ceux moins prêts ou un peu juste… C’est vrai et je l’accepte. Mais je ne pense pas que dans les 50% d’abandons, notamment dans les hors-délais on trouve pléthore de novices, d’inconscients et de trailleurs pas suffisamment préparés !
Arrêtons cette course à l’échalote. Je ne peux m’empêcher de croire que les organisateurs de ces grosses épreuves, aujourd’hui, se tirent la bourre pour avoir le titre honorifique de « la course la plus dure au monde » et ainsi convoiter un nombre d’inscrits toujours plus grand.
Si les conditions d’inscription du GRR ne changent pas vers un système type UTMB, c’est-à-dire vers une sélection par l’expérience, alors il me semble indispensable de revoir le principe des barrières horaires.
Vous comprendrez que ces quelques mots représentent un feu de broussaille face à la douleur des proches de Thierry, dossard 437, décédé accidentellement ce week-end sur les sentiers de l’Ile de la Réunion. N’oublions pas, coureurs et organisateurs, que nos engagements doivent être réfléchis et motivés par le plaisir !