Je suis bien ici tout simplement. Je regarde attentivement où je dois poser mes pieds. Je me sens léger. J’en profite donc d’une petite foulée régulière et motivée. Je sais que si je bondis d’un rocher sur l’autre, je risque de le payer un peu plus tard. Je sais qu’il ne faut pas gaspiller trop d’énergie dans certains passages et qu’il faut savoir se faire plaisir quand c’est plus plat aussi… Je stoppe quelques secondes au pied d’une cascade. J’y trempe la tête. Frissons immédiats. Ce qu’il y a de bien quand on court ainsi en pleine nature, seul ou presque, dans cette immensité, c’est que tous vos ennuis, toutes vos préoccupations s’envolent d’un coup. Vous ne pensez plus qu’à l’instant présent. Vous regardez devant vous. Juste un peu plus haut et vous vous dites : « il faut que j’arrive là ! ». Pas plus pas moins. Et cela suffit à votre bonheur. Je pense aussi à Kilian dont on parle tant et je me dis qu’il a bien de la chance de pouvoir gambader ainsi toute la journée sur tous les sentiers du globe. Je me dis aussi que ma Quest à moi est ici, que je suis en train de la vivre et que j’aimerais ainsi qu’elle ne s’arrête jamais. Que les années qui passent et qui s’abbatent sur mon corps, ne m’empêchent jamais d’aller encore un peu plus loin, un peu plus haut sur ses sentiers. Mes sentiers. C’est dans ces moments-là que je me dis que je suis heureux d’être en vie, sur cette terre et que l’on a pas besoin d’autre chose pour qu’il en soit ainsi… Je pense aussi que je ferais tout pour transmettre cette valeur, au moins cette valeur là, à ma petite fille…. Mais j’arrive enfin au sommet. A 1260 mètres…. Il faut penser maintenant à redescendre. A redescendre sur Terre aussi !!