Born to Run n’est pas un roman mais se lit comme tel, tellement il est passionnant. Il part un peu dans tous les sens parfois, sans pour autant perdre la trame du récit, ce qui pourra dérouter certains lecteurs. Ce type de structure est assez classique du journalisme à l’Américaine : un fil rouge qui sous-tend le tout ponctué d’une multitude de récits annexes aux vertus d’exemple ou de pédagogie.
S’il fallait résumer le fil rouge de Born to Run en trois phrases : un journaliste Américain qui accumulent blessures de running sur blessures de running part à la rencontre d’une tribu indienne Mexicaine, les Tarahumara (pour en savoir plus : vidéo) qui, malgré une hygiène de vie particulière, aucun entraînement, est réputée pour compter en son sein de formidables coureurs d’ultra … en sandales. Parvenu au Mexique, après quelques péripéties, il fait la connaissance du Caballo Blanco (le Cheval Blanc, voir son site), un Américain singulier qui vit, tel un fantôme, depuis des années dans une hutte, passe sa vie à courir et décide après la visite du journaliste d’organiser un ultratrail entre les Tarahumara et quelques uns des meilleurs ultrafondus Américains (le Copper Canyons Ultra est né … voir ici les photos de la première édition). Ne répondent à l’appel qu’une poignée de runners dont Scott Jurek (2e aux championnat du monde des 24h la semaine dernière ), Barefoot Ted, l’un des chantres du nu-pieds aux USA ou le couple Billy and Jenn.
Voilà pour le fil rouge qui, en soi, comporte déjà toute la substance d’un formidable récit d’aventure épique. Mais ce qui fait le réel charme du livre, ce sont les nombreuses « disgressions ». Elles sont de plusieurs types :
– des portraits de coureurs, d’entraîneurs ou de scientifiques : le fantastique Scott Jurek, aussi discret que talentueux, Ann Trason, la femme qui a failli remporter un ultra 100 (miles) au nez et à la barbe de ses adversaires masculins ou encore, parmi tant d’autres, Joe Vigil, un coach hors du commun …
– des histoires passionnantes d’ultra 100 (miles) : la victoire de Jurek lors de sa première Badwater , le combat d’Ann Trason contre les Tarahumaras lors de la Leadville 100 …
– des récits ludiques de découvertes scientifiques majeures sur les bienfaits de la course pieds nus d’un point de vue biomécanique, l’impact négatif des chaussures de running actuelles en matière de blessure, la pré-disposition de l’homo sapiens à la course à pied … On dirait que seuls les scientifiques Américains sont capables de s’amuser tout en cherchant. Saviez-vous, par exemple, qu’un homme peut courir plus vite – en moyenne, sur une grande distance – qu’une antilope et donc en faire son repas ?
Aux USA, ce livre est devenu la Bible du barefoot running (courir pieds nus), est-ce justifié ? Oui à 100%, après l’avoir lu on n’a plus envie de chausser toutes ces chaussures à amorti super variable contrôlé par microprocesseur. Mais ce serait dommage de ne réduire Born to Run qu’à cela car le récit – les récits – sont à couper le souffle pour qui aime vraiment la course à pied.
P.S. : le livre est en vente sur amazon.